samedi 12 décembre 2009

Soyez toujours dans la joie

“Soyez toujours dans la joie”

Soyez toujours dans la joie” insistait s. Paul auprès d’une jeune communauté chrétienne. Ce qui est surprenant c’est que lorsqu’il écrit cela, il est en prison. La raison de sa joie c’est la certitude que Jésus reviendra un jour dans la gloire. Sa joie exprimait sa confiance en ce Dieu qui tient parole.
Pouvons-nous adopter les mêmes sentiments aujourd’hui, alors que le monde tente de se relever d’une crise économique touchant tant de personnes et de familles? Comment ne pas être anxieux quand on ne sait pas de quoi demain sera fait, avec toutes les fermetures d’usines et les pertes d’emplois? De plus, il y a la menace sur l’écologie, le réchauffement de la planète qui est le sujet des discussions des grands à Copenhague.
Ce dimanche, toutes les églises chrétiennes du monde sont invitées à sonner leurs cloches à 15h00, en appui aux délégués qui tentent de forcer les dirigeants des grandes puissances à prendre au sérieux l’avenir par des mesures adéquates.

Un jour ou l’autre, nous sommes touchés par des épreuves: maladies, incompréhensions, dureté du travail, échecs de toutes sortes. Lorsque nous regardons la situation de l’Église, on n’a pas toujours le goût non plus de chanter des alleluias! On dit couramment dans les médias que les églises sont vides... par ailleurs, si nous regardons plus loin, autour de nous, il n’y a pas que les églises qui sont vides: comme l’écrivait un lecteur d’un grand journal dans une libre opinion: la salle du conseil municipal est souvent vide, des conseils d’administration de bien des organismes aussi. Les bureaux de vote sont vides, les salles d’associations étudiantes... Il y a pas mal de salles vides au Québec. Même, il va jusqu’à ajouter: le coeur du Québec est vide. Le vide, dit-il, est causé par la négation de quelque chose d’important, le rejet de ce que tisse l’être humain dans ses profondeurs, soit la confiance en l’avenir.
Nous, nous parlons plutôt de l’espérance... la vertu d’espérance: Dieu tient parole... sa lumière se lève! Nous le croyons et par là, la joie ça se cultive!

Alors serions-nous de grands naïfs... quelle est donc la joie à laquelle la parole de Dieu nous invite aujourd’hui? Quelle est sa source? Quand s. Paul lance une appel à la joie, ce n’est pas à une joie facile qu’il nous convie; il est derrière les barreaux et il voit venir sa fin. C’est la préparation et l’attente d’un grand événement qui le met dans cet état. Quand on vit dans l’esprit d’une fête qui s’en vient, tous les efforts se déroulent sans trop de fatigue. Pour un couple qui attend un bébé, l’enfant désiré change déjà leur vie. Il y a des imprévus, des souffrances pour la mère, des questions... mais la joie de l’attente change tout. Ça se voit dans le visage des parents. Quand l’enfant est né, alors là, toutes les anciennes inquiétudes s’évanouissent.

Les lectures de ce dimanche de l’Avent nous invitent à la joie, celle de la préparation de la venue du Christ. A l’époque, qui aurait imaginé que Dieu viendrait demeurer en personne dans notre monde. Les promesses des prophètes ont été dépassées, et de loin!. On espérait la venue d’un envoyé, qu’on appelait le Messie, mais pas son Fils unique. C’était de l’inespéré et de l’inattendu! “Le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous!” dira s. Jean. Dieu s’est fait proche de son peuple d’une façon inouie. Si Dieu a ménagé cette surprise un jour, comment ne pourrait-il pas nous surprendre encore?

On peut aussi ajouter que la joie n’a pas pour effet de nous démobiliser. On se réjouit si on est capable d’entraîner avec nous des personnes qui ont le coeur lourd. “Pour redonner à l’être humain sa joie de vivre, disait notre auteur, il faut qu’il se sente appelé à une tâche, à faire quelque chose qui donne sens à sa vie; qu’il se sente connu et aimé pour ce qu’il est et non pour son rendement, qu’il se sente porté par les autres et stimulé à les porter eux aussi.”

En cette période de l’année laissons-nous porter par tous les élans de solidarité et de paix pour un monde plus juste. C’est ce que Jean-Baptiste demandait avec conviction aux gens qui accouraient vers lui pour être baptisés. Il y a de la joie à donner et à constater que nous pouvons être la source d’un peu de bonheur autour de nous. Prendre conscience que ces gestes fraternels, parfois faits de petites choses, c’est Dieu qui les suscite en nous dans notre coeur profond. C’est lui qui peut nous libérer de l’égoïsme, de la violence et de l’injustice. Voilà la conversion qui nous prépare à célébrer Noël dans la joie.

En essayant de semer de la joie autour de nous, n’oublions pas de la cultiver aussi dans nos communautés chrétiennes, qui peuvent parfois souffrir de morosité et de défaitisme. Dans le contexte actuel, la joie n’est pas un luxe, elle est nécessaire comme le pain quotidien. Le Seigneur qui est venu parmi nous et qui habite en nos coeurs est porteur de joie. Il est heureux d’être accueilli et d’établir sa demeure dans notre monde. Pour reprendre les mots du prophète Sophonie: “Il dansera pour toi avec des cris de joie, comme au jour de fête!”

Lucien Deiss un auteur qui a composé beaucoup de chants d’Église écrivait: “Heureuse la communauté qui a la joie comme rubrique principale de sa liturgie... qui, lorsqu’elle partage le pain de l’Eucharistie, partage en même temps l’amour entre frères et soeurs”.
Amen!

vendredi 20 novembre 2009

Ma royauté n’est pas de ce monde

Dimanche du Christ-Roi 2009

Jésus est amené face au gouverneur qui va bientôt le condamner. Celui- ci se drape dans son autorité et entreprend avec lui un dialogue de façon hautaine, dans le style de ce dont on parle dans les palais. C’est pour le ridiculiser: “ On me dit que tu es Roi! Où est donc ton pouvoir?” Jésus, sans le nier, lui répondra: Ma royauté ne vient pas de ce monde”. Pour continuer la rigolade et au mépris de la population, on inscrira d’ailleurs sur sa croix: Celui-ci est le Roi des juifs (INRI).

Les mots qu’on entend dans l’évangile d’aujourd’hui ont peut-être de quoi nous choquer, nous qui vivons dans une société démocratique qui valorise l’égalité des personnes. Les mots de domination, de gloire, de royauté et de puissance sonnent mal à nos oreilles. On a vu comment on a reçu récemment le prince Charles en visite au Québec. La royauté est loin d’être populaire chez nous, comme partout. Les termes suivants ont une connotation négative: - le pouvoir, la loi du plus fort qui sert à écraser les autres, -la gloire, ça ressemble à de la vanité et de l’orgueil; tant de personnes sont prêtes à n’importe quoi pour obtenir un peu de célébrité,-la royauté, c’est passé date, car en son nom on a commis tellement d’abus, -la puissance, qu’elle soit économique ou militaire s’exerce à un prix élevé à payer. C’est en Afghanistan qu’on le voit aujourd’hui (on calcule que chaque soldat envoyé là-bas coûte un million$ par année)

Dans l’Évangile, quand on attribue à Dieu ou à Jésus ces qualificatifs, on ne comprend pas très bien. La perspective d’un Dieu qui s’impose par un grand déploiement de forces peut sans doute plaire à certaines personnes, mais généralement on se sent plutôt menacé, révolté par cette idée d’un Dieu qui pourrait nous écraser s’il le voulait. En fait, évoquer la puissance des grands nous fait réaliser la faiblesse qui est notre lot, nous les gens ordinaires. Devant la maladie d’une personne chère, les suites d’un accident, devant combien de situations de misère que les médias mettent sous nos yeux, qui n’a pas ressenti de la frustration de ne pas avoir le pouvoir de changer les choses? Quand nous affrontons nos limites physiques, économiques, psychologiques ou intellectuelles, qui de nous ne se sent pas limité. Les zones blessées de nous-mêmes, nous ne pouvons pas les faire disparaître à coup de volonté, à force de bras.

Face à cette situation, des gens cultivent de l’illusion, des rêves de changement magique. Attente de fameuses découvertes, de remèdes-miracle qui régleront tous les problèmes de santé. L’imagination entre en jeu pour acquérir du pouvoir. Les jeunes y sont vulnérables, appuyés sur les jeux vidéo, où on peut devenir pour un moment un super-héros, mourir et survivre! On se refuge dans le virtuel avec tous les dangers qui suivent. D’autres, pour lutter contre leur vulnérabilité vont chercher à exercer du contrôle sur les autres par de la menace, de l’intimidation, de la manipulation.

Pour recevoir les textes d’aujourd’hui comme une bonne nouvelle, il faut faire la vérité sur nous-mêmes. Reconnaître qu’on n’est pas Tarzan ni Superman. Réaliser que nous ne sommes pas auto-suffisants. Chacun, chacune d’entre nous a besoin des autres, mais tous ensemble nous avons besoin de Dieu. Nous avons besoin de sa force, non pas pour servir de compensation ou combler nos manques, mais pour nous ouvrir à une autre dimension, la puissance de son Esprit-Saint, qui veut agir dans notre faiblesse.

“Ma royauté n’est pas de ce monde” dit Jésus, c’est autre chose! Devant ses accusateurs il se tient sans défense, sans arme, sans armée. Il révèle toute la puissance de Dieu, une puissance qui refuse la violence, qui respecte la personne. Jésus manifeste que la mort et la violence n’auront pas le dernier mot sur l’amour de Dieu qui est plus fort. La puissance qui a créé le monde et qui le soutient dans l’existence, c’est une puissance de vie et de résurrection, une puissance de don et de pardon, une puissance de vérité, de libération, de miséricorde L’amour de Dieu c’est l’origine et l’aboutissement de tout ce qui existe. Rien ne pourra nous en séparer.
“Rien jamais ne nous séparera de l’amour!”

Si nous nous ouvrons à cette puissance amoureuse de notre Dieu, notre manière de vivre, notre manière d’être avec nous-mêmes, va changer. Ça se produit sans tambour ni trompette. C’est une conversion qui se fait lentement. L’Esprit de Dieu reçu à notre baptême, confirmé plus tard, nous habite de plus en plus et nous rend capables de tenir bon dans les turbulences du quotidien. Il nous marque de la sainteté de Dieu afin que nous formions son temple vivant. C’est un bonne nouvelle qu’il faut répéter pour s’en convaincre. Il y a là toute raison d’avoir le coeur à la fête d’ici Noël malgré tous les malheurs qui peuvent survenir.

jeudi 5 novembre 2009

Homelie des Défunts

Homelie Célébration pour nos défunts 1er novembre 09

Il y a des textes de la liturgie qu’on préférerait sans doute ne pas entendre. Par ex. quand s. Paul nous dit: “Jésus, bien que Fils de Dieu, pour remédier à la désobéissance des hommes, a appris l’obéissance par les souffrances de sa Passion et de sa mort”.On aime pas çà! C’est pourtant le coeur du mystère chrétien qui se dit là, dans ce qu’il comporte d’essentiel et en même temps de scandaleux et de surprenant.

En effet notre temps est marqué, plus que par le passe, celui de nos parents et grands parents, par le refus et la peur panique de la souffrance de tout genre, qu’elle soit physique ou psychique, affective ou morale et même spirituelle. On est angoissé devant la souffrance, on dépense une énergie incroyable, on fait des efforts considérables pour effacer la souffrance de notre quotidien, pour nous adoucir la vie le plus possible. Regardons la précipitation vers les centres de vaccination contre la grippe. On voit même des personnes qui vont se donner la mort pour arrêter de souffrir, sans penser qu’ils feront ainsi souffrir très durement tout leur entourage.
Pensons à la gamme des tranquillisants dont on est les grands consommateurs dans les pays riches, au Québec par ex., pensons à ces techniques mentales venues d’Orient qui visent à éteindre, à tuer le désir: si on cesse de désirer quoi que ce soit on ne souffre plus, on devient indifférent à tout. D’autres au contraire vont opter pour une vision optimiste de la vie en se disant que la souffrance est une illusion, qu’on n’a qu’à se durcir, à refuser de regarder les choses en face. On vit dans le meilleur des mondes. Il n’y a rien de chrétien là-dedans!

Si on revient à Jésus, c’est en évoquant son heure, ce moment où il va affronter la souffrance et la mort qu’il explique à ceux qui désirent dialoguer avec lui, ce que signifie ce qu’il appelle sa glorification. S’Il est descendu parmi nous c’est comme le grain de blé tombé en terre, c’est pour être ensuite élevé de terre afin d’attirer tout à Lui. Le grain de blé, tout le monde sait que placé dans la terre humide il se défait, il se désagrège, il meurt, mais une vie nouvelle apparaît en lui et il produit des centaines de grains dans l’épi qui sort de terre. C’est à travers ce retournement, cette étrange transformation, que Jésus essaye de faire comprendre à ses disciples ce qui va lui arriver. Sa mort conduit à la vie en abondance.

Ce passage par la souffrance et la mort, Jésus ne l’affronte pas comme une simple formalité, une obligation tracée d’avance. Il déclare même: “Maintenant je suis troublé!” “Ça me fait peur!” rien à voir avec ces héros qui défient la mort avec orgueil, ces pseudo-martyrs de la violence. Jésus n’a rien d’un kamikase qui se donne la mort pour prouver une cause, en vue d’une récompense imaginaire. Il y a des sages des religions orientales qui cherchent la mort le sourire aux lèvres en disant “y a rien là”. Jésus au contraire est angoissé. Par son attitude, il rejoint la part la plus profonde de nous-mêmes, la peur de la mort. Il a voulu être un être humain jusqu’au bout. En vérité, si on veut bien y réfléchir, au fond tout le monde a peur de la mort. A moins de s’engourdir dans la drogue ou de vivre dans le monde virtuel des jeux vidéo où la mort est irréelle.

Il ne faut pas oublier cependant que le christianisme n’est pas une religion où on exalte la souffrance, ou on aime l’exposer pour la regarder. Je pense à ces images ou ces crucifix d’autrefois où des âmes pieuses ajoutaient du sang autant qu’elles pouvaient. Bien au contraire, c’est parce que Dieu désire que nous soyons des êtres vivants, que la douleur et la mort ne trouvent aucune justification dans les Évangiles. Jésus dit: “Je suis venue pour qu’ils aient la vie, et la vie en abondance”. A ceux qui voudraient y voir la punition d’une faute, Jésus répond que les gens, victimes d’une tragédie n’étaient pas plus pécheurs que les autres. On se souvient de l’épisode où une tour en construction s’était effondrée entraînant la mort de beaucoup d’ouvriers: on lui avait demandé: Est-ce là une punition parce que ces gens étaient mauvais? Aujourd’hui on pourrait demander: est-ce que le Sida, la grippe H1N1 est une punition du bon Dieu. Jésus dit non. Il n’explique pas la souffrance comme tenterait un philosophe: il l’affronte courageusement car il croit que Dieu est le Dieu de la vie et que la mort n’aura pas le dernier mot.

Ce chemin, Jésus ne le présente pas comme un chemin de destruction, mais comme l’unique moyen de porter du fruit, un chemin de gloire. C’est toujours présent dans son enseignement, de différentes manières. Cette idée selon laquelle celui/celle qui accepte de se départir de sa vie, la gagnera. Les paraboles dont sont enjolivées les évangiles sont remplis de ces formules. Celui qui accepte de mourir vivra! Mais ce passage vers la vie véritable signifie quand même pour nous un déchirement, une brisure, une cassure qui engendrent un grand malaise, un sentiment de vide.
Jésus ne méprise pas notre peur, il ne la minimise pas. En acceptant de la traverser, c’est comme s’il nous prenait par la main, nous serrait dans ses bras pour nous faire passer des eaux sombres de la mort vers la lumière. Seuls, nous serions incapables de nous jeter à l’eau, de désirer accoster sur l’autre rive. C’est pourquoi il est passé le premier, pour que nous puissions le suivre, à notre tour, nous attirant tous vers Lui!

Nous sommes réunis dans cette église pour nous souvenir de nos défunts, principalement des personnes qui nous ont quittés au cours de la dernière année. Notre foi chrétienne nous assure qu’elles sont dans la vie et la paix de Dieu, et qu’elles ont franchi le passage que Jésus a ouvert pour nous.

Profitons de cette messe pour faire monter dans nos coeurs le visage de ces personnes et dire merci à Dieu de les accueillir près de Lui!

lundi 14 septembre 2009

LES PAROLES

LES PAROLES


Homélie 22e dim. ord. 09

Ma vieille mère qui vient d’avoir 100 ans n’était pas très emballée à l’idée de déménager dans une résidence pour personnes âgées. “Tous des vieux!” “Je vais souvent me retrouver seule; je n’aime pas jouer aux cartes avec des gens que je connais pas. Personne pour parler”. Elle exprimait une réalité fondamentale de notre condition humaine, celle d’être capable de faire des liens avec nos semblables, et pas trop différents. Nous sommes des êtres de relation. Nous portons en nous le besoin d’être proches les uns des autres. Or la parole est la façon essentielle pour nous les humains d’entrer en relation avec nos semblables. La parole est la grande porte par laquelle on accueille les autres et on entre chez eux. Elle est aussi la nourriture qu’on leur sert pour alimenter leur affection, leur estime de soi, nourrir leur âme. Elle est le soleil qui dit bonjour au début d’une journée et l’étoile qui rassure quand vient la nuit.

Ce besoin d’être proche se manifeste ainsi dans le domaine de la foi. Nous portons au fond de nous le désir d’être proche de Dieu. Or le moyen par excellence que Dieu a choisi pour se faire connaître, pour nous faire sentir sa présence et nous en nourrir, c’est pas des grands signes dans le ciel, c’est sa Parole:

-sa parole créatrice qui a formé l’univers et qui nous dit qui il est, (sa force, sa beauté, sa délicatesse, son humour), qui nous parle de sa splendeur éternelle.

-sa parole révélée déjà aux prophètes dans l’A.Testament qui un jour, sera rendue présente en son Fils (son Verbe) qui nous parlera en clair cette fois de son projet de salut pour tous ses enfants.

-sa parole qui est un cadeau qui nous est donné, contrairement aux animaux, qui nous peut révéler la profondeur et le mystère du coeur humain.

Sa parole nous rend, petit à petit, semblable à Lui. Vous avez sans doute remarqué comment un petit enfant apprend à parler. Vers 2-3 ans il répète tout ce qu’il entend autour de lui; les mots les plus beaux, des fois moins beaux, les couleurs, les chiffres, les expressions, les noms.... Grâce à ces paroles qu’il absorbe si rapidement, avec une mémoire fantastique, l’enfant devient de plus en plus un être humain à part entière. Il s’identifie d’abord à ses parents en assimilant non seulement leur langue, mais aussi leurs valeurs, leurs craintes, leurs joies, leurs rites religieux ou autres, leurs habitudes. On se retrouve parfois comme adultes avec des goûts, des peurs, sans raison, dont on se demande d’où ça vient; sans doute copiés de la petite enfance. En écoutant et en observant nos proches, on apprend à distinguer les comportements qui sont corrects comme ceux qui sont répréhensibles. Par la parole, l’enfant devient pour le meilleur et pour le pire, un peu et même beaucoup à l’image de ses parents.

St Jacques écrit, dans la 2e lecture: “Accueillez donc humblement la parole de Dieu semée en vos coeurs; elle est capable de vous sauver”. Cette petite phrase en dit beaucoup. D’abord, que cette parole ne peut rien faire en nous si elle n’est pas accueillie, écoutée attentivement. Puis méditée humblement, pour se laisser questionner, bousculer même. Cette parole vient de plus grand que nous, de notre source. Lui seul peut nous aider à nous accomplir, nous amener à notre achèvement, ou pour nous sauver, si on parle comme dit la Bible.

Cette parole a le pouvoir de nous transformer, un peu comme les paroles des parents transforment lentement l’enfant en un être humain complet. Comme disait l’autre: “écoute ton père quand ta mère te parle...” un travail d’équipe donc! Le but ultime de la parole venue de Dieu c’est de nous amener à Lui ressembler. Les lectures d’aujourd’hui insistent sur l’importance de mettre en pratique cette parole, de ne pas se contenter de l’écouter passivement. Elle nous est offerte non pas comme une simple information, une théorie mais comme un chemin de croissance.

Dans l’évangile d’aujourd’hui, Jésus nous met en garde contre un genre de paroles, des rengaines qui nous font croire quand on les multiplie, que nous sommes proches de Dieu, ou simplement en observant des rites. Jésus faisait de graves reproches aux pharisiens qui étaient des spécialistes là-dedans. “Vous annulez la Parole de Dieu par les traditions purement humaines que vous imposez”. Les plus beaux rites peuvent devenir des illusions qui nous éloignent de Dieu, si nous les faisons pour nous donner bonne conscience. Ils nous éloignent de Dieu au lieu de nous rendre à son image.

C’est pourquoi il est important de nous exposer à sa parole telle qu’elle est proclamée. Elle est souvent décapante, parfois secoue nos idées toutes faites. On prend conscience qu’il y a une double vérité: celle qu’on s’est forgée vaille que vaille au cours des années et celle que Dieu nous propose. Sa parole nous dit que nous sommes des créatures, souvent menacées par des mouvements de mort et d’égoïsme. Des créatures dont le coeur est compliqué, malade, parfois source de ce qui peut blesser, de ce qui divise.
Mais la parole de Dieu nous dit aussi la vérité sur Lui: il est fidèle, il est miséricordieux, il se fait proche de nous, il nous aime. Sa parole a la puissance de nous guérir de notre mal et nous emmène à lui ressembler, à l’imiter.On comprend que la parole de Dieu n’est pas un Livre, elle est une Personne, le Christ vivant au milieu de nous par son Esprit. Laissons-le venir jusqu’à nous, osons l’accueillir jusque dans les zones plus obscures de nos vies. Osons lui dire comme le centurion païen: “Seigneur je ne suis pas digne de te recevoir, mais dis seulement une parole et je serai guéri!” Claude Labrecque, ptre

Rentrée des classes 2009

LA RENTRÉE DES CLASSES 2009
21e dim ord. 2009


Dans les catalogues pour la rentrée des classe...54 variétés de calculette, de souliers de course. Il faut se faire une idée, on est devant beaucoup de choix, Certains de ces choix concernent Dieu aujourd’hui. On entend des vedettes dire:"un jour j'ai décidé que c’était fini ces affaires-là; j’ai cessé de croire en Dieu". On vit à une époque où il n'y a plus d'unanimité, où il faut faire des options personnelles qui nous engagent et nous concernent nous seuls. Une fois que l'influence de notre éducation s’amincit, qu'une certaine naïveté a été secouée par une épreuve ou un scandale... Il arrive qu'un choix se propose à notre coeur: “ est-ce que je continue d'être disciple du Christ, où est-ce que je m'en vais moi aussi du côté d’une mode (la pensée unique)”, qui encourage une certaine indifférence vs la pratique religieuse, surtout une méfiance du judéo-christianisme (la bête noire).

Ça s'est passé aussi du temps de Jésus. Il était très couru. Les gens l'avaient suivi parce qu'il parlait clair, dénonçait des hypocrisie, prenait le parti des plus petits. Jésus était à la tête d’un important mouvement populaire. Mais voici qu'un jour il a demandé aux gens de faire un choix sur sa personne après qu'il se soit présenté comme l'égal de Dieu, qu'il se soit mis au centre de son message. Jésus montrait qu'Il était celui qui réalisait les antiques promesses bibliques, qu'il venait combler les attentes du coeur humain. Il demandait aux gens de communier à son corps et à son sang. Beaucoup furent choqués. Tant que Dieu était loin dans son ciel, qu'on pouvait le prier de temps en temps au temple, en étant bien conscient d'appartenir à un peuple choisi, ça allait toujours! Mais voici que Dieu se manifestait à travers une personne concrète, qui exigeait qu'on fasse clairement une option pour lui, qu'on le suive... cela était pas mal plus engageant. Pour certains ça été intolérable. Jésus a déçu le peuple. Seuls certains intimes qui commençaient à soupçonner le mystère qu’il portait, ont accepté de rester avec lui. Pierre dit à Jésus: "A bien y penser, où est-ce qu'on pourrait aller. Toi seul as les paroles de la vie”. Ce texte nous renvoie de faön semblable à ce que nous vivons chez nous au Québec depuis une quarantaine d’années.

Nous autres aussi nous avions une religion partout présente, un Dieu lointain, mais puissant. On avait conscience de former une collectivité privilégiée: tous des catholiques francophones. Pour rencontrer Dieu il y avait des gestes officiels, des rites et des pratiques que tout le monde faisait. Pas trop engageant peut-être quand tout le monde le fait et que les choix sont limités.

Aujourd'hui c'est différent! Selon mon parcours personnel, ma sensibilité, il y a des questions sur l’Église, sa tradition, ses pratiques, sur certaines paroles d’Évangile qui restent en chantier, pas claires pour moi... comme en suspens. Je ne me fais pas montrer du doigt pour autant, c’est le climat général de nos sociétés pluralistes, climat de liberté qui est une bonne chose, même si c'est moins confortable à court terme pour les paroisses de voir diminuer leurs effectifs. Aller à l'église pour satisfaire une obligation ou pour remplir un rite ça ne tient plus. Les gestes et comportements sociaux se sont déplacés; il y a de nouveaux temples, d’autres grandes surfaces. Ce qui fait dresser l'oreille ou tendre le regard, ce qui inspire ce ne sont plus les exemples de vie ou les valeurs chrétiennes, c'est la nouvelle ligne d'une auto, les derniers gagnants du million, le contrat de telle vedette ou de tel mannequin. Ce sont les nouvelles idoles, qui sont les références de notre époque qui s'interposent et prennent la place.

Nous sommes obligés de faire des choix; Dieu nous a choisis librement comme ses amis, il veut que nous le choisissions librement. Faire ce choix de revenir au Seigneur, c'est une étape de maturité humaine et spirituelle. C'est devenir plus autonomes en sachant ce qu'on fait et pourquoi on le fait. C’est s’ouvrir à l’action de l’Esprit: c’est lui seul qui peut nous mettre sur la même longueur d’onde. Il est en définitive la source de notre acte de foi et de notre engagement à sa suite...

Au moment de recommencer nos activités de l'automne, nous sommes questionnés. Jésus nous dit: Allez-vous vous en aller vous aussi? pour suivre le courant. La question devient pour moi: Est-ce que je vais chercher cette année à mettre le Seigneur au centre de ma vie? Est-ce que je vais me nourrir de sa Parole comme d'une parole de Vie unique en son genre, est-ce que je vais chercher à l'intérioriser. Est-ce que je vais m'approcher du Pain de l'Eucharistie pour alimenter ma relation avec une Personne vivante... En d'autres mots, il faut me décider aujourd'hui pour ou contre le Seigneur, faire le choix de m'impliquer dans son projet. Sinon, ma dévotion, mon enthousiasme, mon désir, mon engagement iront dans d'autres directions, peut-être sans m'en rendre compte vers des idoles sans lendemain. Par ailleurs, la paix et la joie qui m’habitent quand j’accepte de suivre le Seigneur sont les signes que je ne me trompe pas de direction et que je suis en marche vers la Vérité. Qu’en serait-il de ma foi si elle ne comportait pas un certain pari fondé sur l’amour confiant... y a-t-il une autre attitude digne d’une vie chrétienne adulte et responsable?

Claude Labrecque, ptre

mercredi 10 juin 2009

Dimanche de l'Ascension 2009

Cet hiver, quand des gens voyaient partir leurs voisins pour le sud, ils se disaient: "les chanceux... nous on reste avec la gladoue, les 30 sous zéro et les tempêtes". Ce fut probablement l'attitude des disciples de Jésus quand ils apprirent qu'ils les quittait. " Le chanceux, il s'en retourne au ciel... dans son Royaume, nous on reste avec les problèmes". Ils avaient cru que Jésus le construirait lui-même ce fameux Royaume dont il avait tant parlé, qu'il établirait enfin le ciel sur la terre. Les compagnons de Jésus regardent vers le ciel, désemparés, perplexes.
La fête de l'Ascension souligne la disparition de cette présence visible de Jésus qui s'était manifestée après sa résurrection à ses amis, qui avaient été lents à croire mais qui finalement l'avaient reconnu.Ils ont tendance à conclure que le Seigneur est maintenant au ciel pour le reste des temps. Une dernière chance, ils regardent en haut comme pour attendre qu'il intervienne pour changer le monde. Pourtant, ce qui est important c'est ce qui va se passer désormais dans leur vie, en Église, au ras du sol.
Attendre tout d'en haut, c'est une attitude bien ancrée dans notre vie, depuis qu'on est petit enfant. Adolescent, même quand on se donne des allures d'indépendance, on dépend encore des parents. Même adulte, on conserve cette attitude vs l' État: qu'on vienne faire les choses à sa place (services disponibles, subventions, lois, interventions de toutes sortes, sans qu'on ait trop à se préoccuper de ses devoirs et de ses responsabilités sociales). On demande la même chose à l'Église; qu'on ait tout sur un plateau sans qu'on ait à trop se déranger. C'est attitude de dépendance que Jésus a voulu corriger en quittant notre monde matériel (on peut imaginer ce qui lui serait arrivé s'il était demeuré physiquement présent... il aurait été assiége du matin au soir par toutes les demandes).
Jésus veut faire évoluer ses amis et nous avec; il leur apprend que Dieu n'est pas seulement en-haut comme un pourvoyeur de miracles. Il promet son Esprit-Saint, que j'appelle Dieu par en-dedans. Je serai avec vous pour vous soutenir, vous accompagner. Je vais vous laisser une force, une lumière qui va vous faire comprendre mon message. pas un secours-direct qui vient régler tous les problèmes mais un ami qui nous aide à faire notre bout de chemin. Dieu n'est pas seulement le Dieu Providence par en-haut, mais Dieu qui habite en nous comme un compagnon fidèle, un soutien de tout instant. C'est le rôle de l'Esprit-Saint que Jésus laisse à ses amis: d'être un consolateur, un accompagnateur, un défenseur. Mais il y a un autre endroit où le Seigneur de l" Ascension révèle sa nouvelle présence, c'est en-avant. Allez, prenez des initiatives, enseignez toutes les nations.... c'est le lieu de la mission, jusqu' aux extrémités de la terre. "Il n'y a pas d'endroits assez éloignés ou assez creux pour que je n'y sois pas rendu avant vous, pas de situations assez compliquées pour que n'y sois pas déjà à l'oeuvre. Allez-vous en en Galilée (une région multi-ethnique et païenne à l'époque) c'est là que vous me verrez. Je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde. Donc sortez du Cénacle, allez dans le trafic, n'ayez pas peur. Il y aura des signes qui vont vous montrer que je suis là: vous chasserez des esprits mauvais (le mal va reculer)... vous parlerez un langage nouveau (même si vous n'avez pas toute l'instruction et les compétences désirées, votre exemple parlera plus fort que vos discours)... Vous prendrez des serpents, vous vous impliquerez dans des situations empoisonnées et on ne pourra rien contre vous... vous imposerez les mains aux malades et ils s'en trouveront mieux..."
D'autres signes nous accompagneront. Ils seront évidents à nous voir agir: -patience à toute épreuve malgré les oppositions et difficultés -paix et unité dans les communautés qui s'ouvriront à la mission, -amour et réconcilation à l'oeuvre dans les groupes que vous formez.
Voilà une autre maniere dont Jésus se montre présent même s'il est désormais invisible, i.e. au coeur des engagements qui sont pris en son nom. C'est en même temps la troisième étape de notre maturité chrétienne. Jésus nous invite à découvrir que Dieu n'est pas seulement en-haut, dans les demeures éternelles: on risquerait de rester la tête tounée vers le ciel.... pas seulement au creux de notre coeur, en-dedans de nous qui est la demeure de l'Esprit-Saint. Ici on risquerait de se refermer sur cette présence chaude et réconfortante. Mais il est aussi en-avant, sur le terrain un peu plus rude, un peu plus rocailleux de nos engagements chrétiens. Jésus est le Seigneur de l'avenir, celui qui est, qui était et qui vient... Il sera là dans les aménagements auxquels notre Église doit actuellement se plier pour affronter une nouvelle époque de son histoire.
La fête de l'Ascension veut donc nous faire comprendre que si Jésus ressucité n'est plus sensible à nos yeux comme il l'a été à ses disciples un certain temps, il n'en est pas moins présent à notre monde, agissant par nos mains. Son Royaume il nous a laissé de le construire avec lui en en témoignant. C'est par la foi qu'on y entre, c'est par la foi qu'on le découvre.
Jésus nous invite à faire voir à nos milieux cette dimension de la vie où Dieu est toujours agissant. Il nous donnera les forces pour le réaliser ainsi que des signes concrets de sa présence.

lundi 11 mai 2009

Marcher à la suite de Jésus

Marcher à la suite de Jésus, progresser dans la foi ce n'est pas si simple. Ça suppose faire confiance, même prendre des risques. Par les temps qui courent on est moins enclins à prendre des risques. Dans le quotidien, on agit prudement. Nous installons des systèmes d'alarme, des caméras de surveillance. Nous bouclons nos ceintures en auto et portons des casques en vélo. On va le rendre obligatoires sur les pistes de ski. Nous exigeons des études d'impact environnemental pour prédir les dommages liés à la réalisation de tel ou tel projet. On va y voir à deux fois avant de faire des investissements, des placements. Mais en comparaison, la foi est presqu'une folie, c'est du mions un saut dans l'inconnu, un chèque en blanc fait au Seigneur. C'est un beau risque, c'est gager sa vie sur Dieu.



Jésus a connu un tel moment crucial. La scène évangélique nous montre des pèlerins de langue grecque qui veulent le rencontrer, en s'adressant à Philippe qui parlait sans doute cette langue. On ne sait pas leurs questions mais la réponse de Jésus est dans la ligne de la foi. Il évoque une image bien connue , celle du grain de blé semé en terre pour obtenir une récolte. Il faut faire confiance pour enfouir dans le sol de fragiles semences et espérer en recolter de mois plus tard une possible moisson. Il faut risquer, accepter de perdre la semence pour que la terre produise. Et que dire de la température; y aura-t-il d'eau ou pas assez? Ça pourrait mimplement pourrir enterre! ainsi dit Jésus, celui qui consent à risquer sa vie, même à la perdre, la garde pour la vie éternelle. La loi de la vie c'est de donner sa vie; c'est comme ça qu'elle porte du fruit. Comme dirait l'autre, c'est pas évident! Dans une société axée sur l'argent et le profit, où tout est prévue et rien gratuit, on a besoin de réentendre ces paroles.



A ce moment de l'Évangile, nous dit s. Jean, Jésus semble bouleversé. Il sent que sa mort est imminente, elle rôde autour de lui. La haine est trop forte, il est un homme traqué. On parle de l'assassiner. Comme toute personne humaine, il a peur et ressent la tentation de faire marche arrière. Ce serait tellement plus simple de retourner chez lui en Galilée et de reprendre son premier métier. "Maintenant que puis-je dire? Père, délivre-moi de cette heure".... "Mais non, c'est cela que je suis parvenu à cette heure-ci" . Combien de gens abandonne en cours de chemin, restent en-decà d'eux-mêmes parce qu'ils n'ont pas le courage d'aller au bout de leur idéal, de leurs projets. Jésus ne cache pas sa peur, il l'a reconnaît humblement. Mais il ne dévie pas de sa route. Même devant la mort, il demeure confiant; "Père glorifie ton nom". La voix du Père va bientôt se faire très discrète. Mais s.Jean nous dit qu'une voix vient apaiser Jésus C'est une image. Au moments cruciaux de notre vie, il faut avouer à Dieu nos doutes et notre peur. Au sens matériel du terme il n'y a pas de voix qui vient du ciel. Mais au bout de la prière, arrivent un moment de paix et de sérénité, un murmure intérieur qui confirme que Dieu est proche. La gloire de Dieu c'est tout le poids de sa présence, toute la fermeté de sa Personne qui marche à nos côtés et met dans nos coeurs sa force.

Parce qu'il a fait confiance au Père, Jésus est allé jusqu'au bout, jusqu' à la mort et la mort affreuse sur une croix. Étre élevé de terre signifie être suspendu à la croix. Mais c'est aussi une allusion chez s.Jean à la résurrection, être remis debout à la verticale dans la Vie définitive. Jésus sait qu'en s'abandonnant, endonnant même sa vie, il rejoindra le Père au-delà de la mort. Sa mort ne sera pas une défaite, mais une victoire. Admettons que c'était tout un risque, car le Père a semblé ne plus répondre au moment de l'agonie. Cette mort sera le salut pour toute l'humanité. Jésus prend sur lui tout le mal, toutes les faiblesses humaines pour les engloutir avec lui dans la mort. Il s'est fait péché, nous dira s.Paul. Désormais la violence, la haine, l'exploitation auront beau sévir sur la terre, elle n'auront jamais le dernier mot. Il y a une semence de vie plantée au plus profond du coeur humain que rien désormais ne pourra détruire.

La parole de Dieu en ce dimanche, nous convie à la foi totale, à la manière du Christ, notre Maître et notre Sauveur. Comme les pèlerins de Jérusalem nous voudrions voir Jésus de nos yeux. Que son témoignage sur la gloire du Père nous apprenne quand même à vivre, à donner de notre vie et à risquer la belle aventure de la foi.

Etre chrétiens, marcher à la suite de Jésus c'est donc prendre des risques, le risque de la foi. On ne sera pas des chrétiens à quatre roues comme dit l'autre. C'est moins risqué de marcher sur des roulettes... les quatre roues de la poussette qui nous amène à l'Église pour notre baptême, les quatre roues de notre parrain qui nous accompagne à notre première communion et notre confirmation, les quatre roues magnifiquement décorées pour le mariage. Et les quatre roues du corbillard évidement. Si les premiers apôtres avaient été des chrétiens à quatre roues plutôt que de marcher à la suite de Jésus, on ne parlerait plus de Jésus depuis leur époque. Et nous serions sans doute de bon païens qui adorent le soleil, les astres en ayant peur que le ciel leur tombe sur la tête.

Dieu aime le monde.... marchons à la suite de Jésus!

Dimanche prochain nous porterons des rameaux en souvenir de l'entrée de Jésus à Jérusalem. Nous marcherons avec lui jusqu' à sa Passion en étant certains de l'accompagner un jour dans sa gloire!

samedi 2 mai 2009

A QUOI ÇA SERT LA FOI?

"A quoi ç sert la foi?"
Une question que peut-être des non-croyants vous ont posée, sachant que vous fréquentez l'église. Ou encore:"On devrait fermer ça les églises, y a plus personne la-dedans!" On pourrait répondre: "Ta personne n'a sans doute pas vu le dedans d'une église depuis 30 ans... Viens au moin voir pour voir!" Donc reprenons la question: à quoi ça sert la foi! Des gens pourraient répondre avec un sourire... "A peu de chose en fait! ça ne règle pas nos problèmes financiers, ça nous protège pas automatiquement contre les accidents et la maladie. Quoique la prière a un bon effet sur la santé... c'est prouvé par la science! Mais c'est sûr que la pratique religieuse n'asure pas le succès de tout ce que nous entreprenons. Sinon les joueurs du club Canadien purraient se faire célébrer une messe pour eux autres tous seuls, tous les jours. A quoi ça sert la foi? Pour repondre à cette question, laissons-nous guider par les lectures de ce dimanche.
La foi ça solidifie les valeurs.
La foi est d'abord un merveilleux don de Dieu. Celui ou celle qui croit que Jésus est le Fils de Dieu, cette personne est née de Dieu. Naître de quelqu'un c'est recevoir de lui la vie, et du coup, devenir membre de sa famille. "Voyer comme il est grand l'amour dont le Père nous a comblés(S.Jean): il a voulu que nous soyons appelés enfants de Dieu et nous le sommes" La foi nous assure de notre véritable identité (au moment où beaucoup au Québec cherchent la leur). A quoi sert la foi? A reconnaître que la vie de Dieu est en moi, que je suis profondément aimé de Lui au point de pouvoir l'appeler Père. On a tous besion d'amour.... savoir que je suis aimé de Dieu m'incite à aimer les autres et à les respecter. Dans ce cas, la justice, la vérité, le partage, le pardon, la tolérance, le respect des différences peuvent s'appuyer sur un solage qui ne bouge pas. C'est du solide, dans un monde où tout a tendence à s'effriter... style : " y a rien là!".
La foi ça donne des mains.
La foi ce n'est pas un cadeau à conserver jalousement dans son coeur sans en rien dire. Elle est donné pour être manifestée. Elle est comme une lampe que l'on place sur le lampadaire. Elle appelle chacun et chacune à être lumière du monde, ce peut se réaliser de bien des manières. Il ne faut pas se contenter d'être un 15 watts alors qu'il nous des 200.


L'évangile raconte comment les premiers disciples se sont ouverts à la foi le jour de la résurrection. Ils sont tout surpris de ce qui leur arrive; ils n'avaient pas prévu que Jésus ressusciterait comme ça. Jésus leur confie immédiatement une mission...."De même que le Père m'a envoyé, moi aussi je vous envoie". La nature de leur travail est précisé: entre autres, répandre partout la Bonne Nouvelle et pardonner les péchés, les remettre à ceux qui reconnaîtront en Jésus leur Sauveur, les retenir à ceux qui s'y refuseront. L'Esprit Saint les soutiendra dans la réalisation de cette mission.


Tous les croyants et croyantes ne sont pas chargés d'une mission semblable, mais chacun a à extériorser sa foi et à rendre compte de son authenticité, en vivant le plus possible dans l'amour. C'est le message des premières lectures. On précise que la foi au Christ et l'amour du Père sont en lien étroit. L'amour du Père est aussi inséparable de l'amour envers ceux et celles qui sont nés de Lui. Nous retrouvons clairement ici l'enseignement professé par Jésus: les deux commandements de l'amour de Dieu et du prochain sont inséparables et se renvoient l'un à l'autre.

La première lecture extraite du livre des actes des Apôtres nous rappelle comment les premiers chrétiens ont compris cela et l'ont mis en pratique. La multitude avait un seul coeur et une seule âme.... ils s'aimaient entre eux. Dans un monde plien de violence, des païens se convertissaient à ce spectacle: "Voyez comme ils s'aiment" disaient-ils! "Personne ne se disait propriétaire de ce qu'il possédait, mais on mettait tout en commun". Ce partage des biens demeurait libre sans doute, mais on acceptait de se solidariser avec les plus démunis, de sorte qu' aucun d'entre eux n'était dans la misère. Dans la nouvelle société dans laquelle nous entrons suite à la crise économique, est-ce possible que des gens nous voient vivre, se disent: "au lieu de se manger la laine sur le dos, eux autres ils s'aiment". Pour ce qui est du partage, c'est une coutume assez ancrée dans notre pratique jusqu'ici, mais d'autres projets pourraient prendre place chez nous sans nous appauvrir pour autant (v.g. un nouveau projet en faveur d'Haïti)
On croit avec sa tête et son intelligence. Il n'y a rien d'absurde dans la Parole de Dieu même si elle nous dépasse parfois. On croit avec son coeur, qui s'attache à la Personne en qui on croit et en qui on a confiance. On croit aussi avec ses mains, i.e. en se mettant concrètement au service de ceux et celles qu'on aime. Nous allons bientôt proclamer notre foi. Faisons-le en nous rappelant la parole que Jésus adressait à Thomas qui ne voulait pas croire sans voir ni toucher. "Heureux celui qui croit sans avoir vu". Nous sommes de ceux-là. Thomas pour sa part avait quitté l'assemblée des autres disciples par découragement sans doute. Il avait mis sa confiance en ce Jésus finalement mort sur la Croix. Il n'arrivait plus à s'en remettre. Recommencer à croire en admettant que Jésus était de nouveau vivant, c'était trop fort. Beaucoup de nos contemporains sont dans cet état: recommencer à croire quand on doute de tout. C'est en revenant humblement au milieu des siens que Thomas a rencontré Jésus qui alors s'est manifesté à lui.
Le lieu le plus nourrissant pour la foi est toujours la communauté rassemblée où Jésus est présent.


vendredi 27 mars 2009

Homélie 3 Carême


HOMÉLIE du 3e dimanche du Carême 09

Nous avons sans doute encore à la mémoire les illustrations des anciens catéchismes en images, des tableaux ou des albums bibliques où l’on voit Jésus comme déchaîné, qui renverse les comptoirs des marchands du Temple, libère les colombes, éparpille par terre les pièces d’argent. Il fait le grand ménage, il fait une sainte colère. "Ce Temple est une maison de prière et non un super-marché" proclame-t-il. Entre Dieu et les idoles, entre Dieu et le marchandage c’est incompatible. Une idole c’est une sorte de divinité qu’on se fabrique, qu’on peut manipuler en achetant ses bonnes grâces. On a envie d’applaudir ce geste prophétique de celui qui par ailleurs est pourtant doux et humble de coeur. La colère des doux est parfois terrible. On sait que Mère Térésa a fait parfois de ces gestes quand on lui offrait des maisons trop cossues pour ses communautés .De ce temps-là on en connaît d’autres qui font des petits ménages (je pense à la Caisse de dépôt ou à Bob Gainey) mais ce n’est pas de cela qu’il est question ici, même s’il s’agit d’argent.....

Si on revient à Jésus, serions-nous prêts à le féliciter s’il venait plus proche de nous pour bousculer certaines de nos routines, de nos images de Dieu, de nos absolus qui n’en sont pas. On entend souvent "moi j’adore" v.g. la ligne de telle marque d’auto, telle émission télé, tel savon ou marque de lessive. Il n’y a que Dieu qu’on puisse adorer. Dans les gestes de Jésus il faut voir la rupture entre son Père et les faux dieux, entre des conceptions de la religion où l’on serait porté à faire du trafic, à mettre Dieu à sa main par une série de promesses. En somme acheter notre salut à force de rites, même de sacrifices. Acheter un contrat d’assurance pour le ciel en "barguinant" pour tant de lampions, de messes ou de chapelets, genre donnant-donnant. Je te donne ça, mais tu me dois ça!

Histoire du type qui devait passer sur une rivière gelée: "si je fais encore 10 pieds, je t’allume un gros lampion, après si je fais encore 10 pieds je te dis une couple de chapelets... si je fais les derniers 10 pieds, je te paye une messe..." Rendu de l’autre bord... il dit à Dieu..."Oublions ça si tu veux!"

Finalement, c’est dans nos coeurs qui sont aussi les temples de Dieu que nous devons renverser les comptoirs de négociation, jeter à terre les idoles. Genre tout s’achète, tout se vend, tout se paye, même avec Dieu. C’est le reflet de nos sociétés où tout est marchandise, qui se transpose dans nos relations avec le Père du ciel. Dieu, pour sa part , est toujours libérateur, jamais vendeur, jamais oppresseur. Ce qu’il offre est gratuit: il n’exige que la foi et l’ouverture confiante de nos coeurs.

Reconnaissons donc qu’il y a encore des veaux d’or élevés au coeur de nos société pour qu’on les adore. Acquérir à tout prix la puissance en accumulant du capital. Ça n’a plus de limite... Jusqu’à vouloir s’enrichir avec les maigres biens des plus pauvres. Cette folie on la voit dans les récents scandales financiers. Dieu dit: " Tu n’auras pas d’autres dieux que moi". Pensons aux dieux de la business, du sexe, du sport. On dit que beaucoup de québécois font du hockey une véritable religion, un culte qui a ses temples, ses fidèles, ses prédicateurs, ses rituels; qui fait toujours les gros titres dans les journaux.. Une religion de l’athlète où, pour répondre aux cris de la foule, on force des jeunes à abréger leur vie. Peu importe, on a acheté à gros prix leurs talents, qu’ils en portent les conséquences pourvu qu’ils donnent de la performance, qu’ils nous mènent au ciel autour de la coupe Stanley.On se croirait dans les arènes aux temps de l’empire romain.
Qu’est-ce qui peut nous libérer de la dictature de ces idoles? C’est la fidélité à l’Alliance avec Dieu "Un seul Dieu tu adoreras". Croyons-nous à ces mots que nous chantons souvent: "Ta parole Seigneur est vérité et ta loi délivrance".De tous temps les fidèles ont tenté d’enfermer Dieu entre les murs des temples qu’ils élèvent et d’agir sur lui par une série de rites efficaces sinon magiques. Quand Jésus nous parle de Temple c’est désormais de son Corps qu’il est question. La résidence de Dieu parmi nous c’est son Corps ressuscité. "Détruisez ce temple et je le rebâtirai en trois jours"... les gens n’ont pas compris, nous avec! Et qui appartient au Christ par son baptême devient à son tour un temple de Dieu. S.Paul nous le redit: "ne savez-vous pas que vos corps sont les temples de l’Esprit-Saint?" Il faisait écho à la parole de Jésus: "Si quelqu’un m’aime, il observera ma Parole, nous viendrons chez lui et nous y ferons notre demeure". Il parlait de sa présence en nous avec le Père et de l’Esprit-Saint.

On comprend que dans le contexte de l’Évangile ce qui est sacré ce n’est pas le marbre, la brique ou le béton, c’est la personne humaine, la demeure intime de Dieu. Si on choisit de l’ignorer on risque de réduire l’être humain à l’état d’une machine, d’un simple matériau ou d’un animal. Alors, on n’a plus aucun scrupule à l’exploiter, à en faire une marchandise. On débouche dans la barbarie comme on voit aux quatre coins de la planète. Notre corps n’est pas une simple enveloppe pour notre âme, un véhicule temporaire, finalement méprisable. Notre corps est un chantier à construire de l’intérieur en lui faisant poser des gestes qui nous grandissent, gestes de partage, gestes d’accueil, gestes de pardon, etc... C’est là que notre vraie personnalité se bâtit jour après jour, jusqu’au moment où notre esprit habitera parfaitement notre corps et nous deviendrons, comme dit s. Paul, des corps spirituels.

Comment est-ce possible? C’est suite à l’incarnation de Dieu dans un corps humain comme le nôtre. Jésus a pris sur lui toutes les limites liées au mauvais usage de notre liberté et à la faiblesse de notre volonté. Il a vaincu et entraîné dans la mort sur la croix tout le péché, pour renaître comme l’Homme nouveau, tel que nous sommes appelés à devenir. Jésus a rendu ainsi possible notre relation avec le Père qui donne sens à notre vie; de lui nous recevons notre véritable identité de fils/filles bien-aimés.

S’il y a des retards sur notre route, il nous donne son Esprit pour nous remettre sur pied. En Jésus il nous confie un modèle à suivre. Nous avons raison de dire au cours de ce Carême: Dieu nous aime, marchons à la suite de Jésus.

vendredi 20 mars 2009

Blog 2


2e Dimanche du Carême 09

Par ses actions, ses miracles, sa parole puissante, Jésus se montre aux gens comme le Messie tant attendu. "Il est arrivé, depuis le temps... ça y est enfin, c’est lui! Enfin Dieu accomplit ses promesses de salut." Des disciples se mettent à le suivre, puis, comme on le sait, de grandes foules. Mais un jour, Jésus se met à leur parler de son rejet par les autorités religieuses et même de sa mort prochaine. Il se met à leur enseigner que ceux qui veulent vraiment le suivre doivent accepter de porter leur croix eux aussi. Désemparés, désolés, perplexes, les disciples ne comprennent pas ce qui leur arrive. Un beau rêve qui se défait. Et ils n’en sont pas à leur première déception! C’est dans ce contexte que Jésus emmène les plus proches, Pierre, Jacques et Jean à l’écart sur une haute montagne pour leur faire vivre une expérience de lumière.
Dans un langage imagé saint .Marc décrit cette expérience. Jésus montre à ses amis sans aucun doute possible qu’il appartient au monde de Dieu. Ses vêtements deviennent resplendissants, d’une blancheur telle que personne ne peut obtenir un tel éclat. C’est une façon d’exprimer que Dieu est présent dans la vie de Jésus d’une façon unique. Moïse et Élie qui représentaient la Loi et les Prophètes, viennent l’attester. De la nuée qui est le signe traditionnel de la présence divine, Dieu se fait entendre comme lors de son baptême: "Celui-ci est mon Fils bien aimé, écoutez-le". Seul Dieu, en fait, peut nous révéler le mystère intime de Dieu.

Les disciples ont donc vécu une expérience de rencontre intime avec Jésus qui leur a révélé qui il était. Une expérience de lumière qui éclairait tout ce qu’ils avaient vu et entendu de lui jusque là. Rien ne sera plus comme avant, car ils ont entrevu, selon leur capacité de comprendre, le mystère de la personne de Jésus. Cette rencontre annonçait le jour où ils le verront ressuscité. La transfiguration de Jésus c’est comme une avant-première du matin de Pâques.

Comme les disciples de Jésus, nous passons nous aussi par des périodes plus sombres. Parfois, nous ne savons pas ce qui nous arrive, ça ne tourne pas rond à la maison ou au travail. Nous connaissons assez mal les autres, même ceux avec qui nous vivons. De petites tensions restent à notre esprit qui paralysent les rapports mutuels. Il faut vivre parfois un événement spécial, une épreuve, une maladie, un choc pour nous ouvrir les yeux. Avec Jésus, avec la lumière qu’il communique à nos coeurs, les autres ne se révèlent plus comme les adversaires qu’on redoutait. On sent qu’ils sont davantage nos frères et soeurs. Les pauvres, les marginalisés ne sont pas non plus les oubliés de Dieu; au contraire il prend partie pour eux et leur promet son Royaume.
Quand aux pécheurs, à ceux qui nous semblent hors de l’Église, on découvre qu’ils sont aussi invités à sa table. Avec Jésus et son message une lumière nouvelle envahit nos coeurs. Il nous faut voir les personnes et les événements du monde tels que Dieu les considère. Grâce à la foi, notre regard ne s’arrête pas à la surface des choses, mais il rejoint plus facilement l’essentiel au niveau du coeur. Avec la lumière de l’Évangile tout est transfiguré.

L’Évangile nous aide à faire la lumière autour de nous, comme nous l’avons vécu durant notre retraite. Est-ce que notre mission à chacun et chacune, loin de devenir des éteignoirs, ne serait pas d’être des lampes qui éclairent et qui font voir les choses sous leur vrai jour. On sait que le manque d’amour, donné ou reçu, ternit à la longue nos visages, nous rend distants et même nous défigure. Quel visage du Christ donnons-nous à voir? Ça peut parler plus fort que bien des discours. Nous sommes un peu le visage de Jésus transfiguré lorsque nous faisons les premiers pas, nous allons vers les autres pour les aider, lorsque nous leur pardonnons, lorsque dans nos journées nous consacrons du temps à la prière, lorsque nous acceptons les épreuves en gardant bien vive l’espérance. Le Carême est justement un temps pour nous refaire une beauté du coeur et du visage. Faute de quoi, on saisit mieux le sens de l’expression bien québécoise de "face de Carême"! Il n’y a rien de moins attirant pour nous et pour les autres!

Par le message de Jésus que nous essayons de vivre et que nous faisons connaître, nous repoussons à notre façon les ténèbres de notre monde et tout ce qui brouille l’empreinte de l’image de Dieu en nous et dans les autres. Ces ténèbres nous les connaissons: c’est l’injustice, pensons aux scandales financiers, le mensonge, malheureusement une pratique assez courante dans le commerce et les transactions, les préjugés sur les gens différents de nous, l’égoïsme, l’intimidation qui commence déjà chez les plus jeunes, etc... L’Évangile dénonce le mal sous toutes ses formes, il montre de nouveaux chemins vers le bonheur et il transforme les coeurs.
Par tous ceux et celles qui vivent de l’Évangile, je pense aux personnes qui ont animé notre retraite, le Seigneur transfigure nos communautés chrétiennes et par elles, une partie de la société. Notre Église devient plus rayonnante et notre monde plus beau. Voilà ce que Dieu avait promis à Abraham (1ère lect.) "Je te comblerai de bénédictions"...

A la suite de Pierre, disons au Seigneur: "Il est heureux que nous soyons ici.." Dans la joie de vivre une expérience de lumière, célébrons l’Eucharistie. Il nous faudra quand même, comme les disciples, descendre de la montagne et continuer notre route parfois tortueuse et mal éclairée. Mais nous avons la certitude que Dieu aime le monde et que nous marchons avec lui.

Bonne poursuite du Carême à chacune et chacun d’entre nous

lundi 9 mars 2009

Blog 1


Premier dimanche du Carême 09

Il peut arriver des moments dans la vie où on ne voit plus de porte de sortie, où tout est sombre, où il semble que l’avenir est complètement bloqué. Norman Bradwaite racontait dernièrement à la télé comment il avait vécu une grosse dépression. On connaît peut-être des gens qui en ont traversé. C’est une maladie, on n’est pas coupable de ça. Ça nous tombe dessus comme une tonne de briques. Le moment présent est comme vide, pas de repos possible. Les piles sont mortes. Même les amis ne semblent pas capables de nous remonter. Certains vont risquer un téléphone et on ne répond même pas. On ne vaut plus rien. C’est comme si une tornade était passée sur notre vie: les maisons sont détruites, les routes sont bloquées, on manque de tout.

Il y a eu une période comme ça dans l’histoire du Peuple de Dieu, une grande catastrophe qu’on appelle le Déluge. La cause, cette fois ce sont les péchés qui s’étaient accumulés sur la terre. Les premiers chapitres de la Genèse nous le racontent de façon imagée avec le récit de l’arche de Noé. C’est comme si Dieu regrettait d’avoir créé le monde. Le mal s’était répandu comme une réaction en chaîne. Le déluge est arrivé comme une catastrophe qui aurait pu détruire toute la vie sur terre. Mais à cause de la fidélité de quelques’uns, Dieu s’était de nouveau engagé envers l’humanité. Il a conclu une autre alliance envers son peuple, un peu comme s’il lui disait: "Non je ne te laisserai pas tomber, finalement je t’aime trop pour cela". Le signe, ça été l’arc-en-ciel qui rappelait que le soleil brille quelque part même si on est sous les nuages. Dieu, nous dit la Bible, a mis son arc-en-ciel sur le monde pour lui dire qu’il l’aime malgré tout, qu’il se veut de nouveau présent et rassurant. L’avenir s’ouvre encore une fois. Des gens en dépression ont ressenti à un moment que beaucoup de gens les soutenaient, les aimaient et ça leur a permis de remonter la pente.

Cet arc-en-ciel a brillé d’un éclat resplendissant dans l’Incarnation de Jésus. En devenant l’un de nous, Dieu concluait une alliance nouvelle, définitive, celle-là. Dans l’évangile on voit Jésus au début de son ministère; après son baptême où sa mission est devenue claire à son esprit, il se met en route pour annoncer cette Bonne Nouvelle. Le Règne de Dieu est arrivé pour de bon. L’Esprit l’avait poussé au désert où il a été tenté. Ces quarante jours étaient l’équivalent des 40 années qu’avait duré la traversée du désert du peuple d’Israël (40 jours que nous allons pour notre part passer en Carême, avant de parvenir à la grande fête de la résurrection).

Jésus va affronter et vaincre les grandes tentations qui vont de tout temps menacer l’humanité: tentation des pains, d’appuyer sa vie uniquement sur le matériel (nous dirions la consommation), tentation d’imposer sa volonté à Dieu plutôt que de lui obéir, tentation de faire alliance avec les pouvoirs terrestres (puissances financières, politiques) pour dominer le monde. Contrairement à Israël, Jésus les a toutes vaincues, donc il ouvre un nouvel avenir. Il aurait pu rebrousser chemin, dire "à quoi bon", retourner à ses occupations de charpentier pour gagner tranquillement sa vie et celle de sa mère. Il a choisi plutôt de demeurer fidèle à sa mission profonde. Il sait très bien que personne d’autre ne pouvait le faire à sa place. Désormais puisqu’Il marche devant nous, mettons-nous à sa suite. Laissons-le agir et nous transformer... quand l’avenir s’ouvre!.

Le Carême a commencé mercredi dernier; nous sont donnés quarante jours pour refaire le point, pour prendre des décisions et reprendre notre marche. Nous allons de dimanche et dimanche revisiter l’histoire sainte en nous rappelant tout ce que Dieu a fait pour nous sauver. Nous revivrons notre baptême à la Vigile pascale en nous souvenant qu’être baptisé c’est nous engager envers Dieu, comme nous le rappelle s. Pierre dans la 2e lecture.

Quel avenir s’annonce en 2009? Bien malin qui pourrait le prédire. Cependant nous pouvons lire les signes de temps, observer la réalité, rester branchés sur notre monde et chercher à comprendre ce qui se passe, à la lumière de notre foi. C’est ainsi que Dieu peut nous parler par les événements. La crise ou la déprime que nous vivons actuellement n’est pas seulement une crise financière ou économique, c’est une crise morale et spirituelle; quand les valeurs disparaissent, notre monde devient un enfer, les requins s’accaparent des morceaux, les plus forts dévorent les plus faibles. Une crise c’est un moment creux pour un examen de conscience où on est forcé de réfléchir pour repartir d’un bon pied. L’avenir c’est celui que nous bâtirons et nous ne sommes pas seuls pour le faire. Dieu n’est pas indifférent, il s’engage avec nous. Le déluge n’avait pas été la fin de tout, Dieu avait ouvert de nouveaux horizons. Pourquoi pas encore aujourd’hui en ce temps de dépression?

Au début de ce Carême ( et de la retraite paroissiale) renouvelons notre détermination à suivre le Christ et à répondre à ses appels. Il vient à nous dans cette Eucharistie. Qu’Il nous habite, qu’Il fortifie notre foi et qu’Il soutienne notre espérance!