samedi 12 décembre 2009

Soyez toujours dans la joie

“Soyez toujours dans la joie”

Soyez toujours dans la joie” insistait s. Paul auprès d’une jeune communauté chrétienne. Ce qui est surprenant c’est que lorsqu’il écrit cela, il est en prison. La raison de sa joie c’est la certitude que Jésus reviendra un jour dans la gloire. Sa joie exprimait sa confiance en ce Dieu qui tient parole.
Pouvons-nous adopter les mêmes sentiments aujourd’hui, alors que le monde tente de se relever d’une crise économique touchant tant de personnes et de familles? Comment ne pas être anxieux quand on ne sait pas de quoi demain sera fait, avec toutes les fermetures d’usines et les pertes d’emplois? De plus, il y a la menace sur l’écologie, le réchauffement de la planète qui est le sujet des discussions des grands à Copenhague.
Ce dimanche, toutes les églises chrétiennes du monde sont invitées à sonner leurs cloches à 15h00, en appui aux délégués qui tentent de forcer les dirigeants des grandes puissances à prendre au sérieux l’avenir par des mesures adéquates.

Un jour ou l’autre, nous sommes touchés par des épreuves: maladies, incompréhensions, dureté du travail, échecs de toutes sortes. Lorsque nous regardons la situation de l’Église, on n’a pas toujours le goût non plus de chanter des alleluias! On dit couramment dans les médias que les églises sont vides... par ailleurs, si nous regardons plus loin, autour de nous, il n’y a pas que les églises qui sont vides: comme l’écrivait un lecteur d’un grand journal dans une libre opinion: la salle du conseil municipal est souvent vide, des conseils d’administration de bien des organismes aussi. Les bureaux de vote sont vides, les salles d’associations étudiantes... Il y a pas mal de salles vides au Québec. Même, il va jusqu’à ajouter: le coeur du Québec est vide. Le vide, dit-il, est causé par la négation de quelque chose d’important, le rejet de ce que tisse l’être humain dans ses profondeurs, soit la confiance en l’avenir.
Nous, nous parlons plutôt de l’espérance... la vertu d’espérance: Dieu tient parole... sa lumière se lève! Nous le croyons et par là, la joie ça se cultive!

Alors serions-nous de grands naïfs... quelle est donc la joie à laquelle la parole de Dieu nous invite aujourd’hui? Quelle est sa source? Quand s. Paul lance une appel à la joie, ce n’est pas à une joie facile qu’il nous convie; il est derrière les barreaux et il voit venir sa fin. C’est la préparation et l’attente d’un grand événement qui le met dans cet état. Quand on vit dans l’esprit d’une fête qui s’en vient, tous les efforts se déroulent sans trop de fatigue. Pour un couple qui attend un bébé, l’enfant désiré change déjà leur vie. Il y a des imprévus, des souffrances pour la mère, des questions... mais la joie de l’attente change tout. Ça se voit dans le visage des parents. Quand l’enfant est né, alors là, toutes les anciennes inquiétudes s’évanouissent.

Les lectures de ce dimanche de l’Avent nous invitent à la joie, celle de la préparation de la venue du Christ. A l’époque, qui aurait imaginé que Dieu viendrait demeurer en personne dans notre monde. Les promesses des prophètes ont été dépassées, et de loin!. On espérait la venue d’un envoyé, qu’on appelait le Messie, mais pas son Fils unique. C’était de l’inespéré et de l’inattendu! “Le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous!” dira s. Jean. Dieu s’est fait proche de son peuple d’une façon inouie. Si Dieu a ménagé cette surprise un jour, comment ne pourrait-il pas nous surprendre encore?

On peut aussi ajouter que la joie n’a pas pour effet de nous démobiliser. On se réjouit si on est capable d’entraîner avec nous des personnes qui ont le coeur lourd. “Pour redonner à l’être humain sa joie de vivre, disait notre auteur, il faut qu’il se sente appelé à une tâche, à faire quelque chose qui donne sens à sa vie; qu’il se sente connu et aimé pour ce qu’il est et non pour son rendement, qu’il se sente porté par les autres et stimulé à les porter eux aussi.”

En cette période de l’année laissons-nous porter par tous les élans de solidarité et de paix pour un monde plus juste. C’est ce que Jean-Baptiste demandait avec conviction aux gens qui accouraient vers lui pour être baptisés. Il y a de la joie à donner et à constater que nous pouvons être la source d’un peu de bonheur autour de nous. Prendre conscience que ces gestes fraternels, parfois faits de petites choses, c’est Dieu qui les suscite en nous dans notre coeur profond. C’est lui qui peut nous libérer de l’égoïsme, de la violence et de l’injustice. Voilà la conversion qui nous prépare à célébrer Noël dans la joie.

En essayant de semer de la joie autour de nous, n’oublions pas de la cultiver aussi dans nos communautés chrétiennes, qui peuvent parfois souffrir de morosité et de défaitisme. Dans le contexte actuel, la joie n’est pas un luxe, elle est nécessaire comme le pain quotidien. Le Seigneur qui est venu parmi nous et qui habite en nos coeurs est porteur de joie. Il est heureux d’être accueilli et d’établir sa demeure dans notre monde. Pour reprendre les mots du prophète Sophonie: “Il dansera pour toi avec des cris de joie, comme au jour de fête!”

Lucien Deiss un auteur qui a composé beaucoup de chants d’Église écrivait: “Heureuse la communauté qui a la joie comme rubrique principale de sa liturgie... qui, lorsqu’elle partage le pain de l’Eucharistie, partage en même temps l’amour entre frères et soeurs”.
Amen!