jeudi 28 janvier 2010

L'Unité des chrétiens est comme une fête de la Parole

Ce dimanche qui débute la semaine de prière pour l’Unité des chrétiens est comme une fête de la Parole, où l’on prend conscience de l’importance des textes proclamés dans nos célébrations, que l’Esprit-Saint nous aide à comprendre, de l’importance aussi de l’homélie qui suit. Dans le dictionnaire, l’homélie est souvent définie comme un sermon, une exhortation pieuse. Dans l’Évangile, Jésus lui donne une autre dimension. En lisant le livre du Prophète Isaïe et en proclamant: “ Aujourd’hui s’accomplit la parole de l’Écriture que vous venez d’entendre” il fait la première homélie chrétienne. Vous allez dire: bravo, ça n’a pas été trop long... mais il s’est repris à d’autres occasions! Il affirmait en fait que les promesses de Dieu, que ses hauts faits du passé, se renouvellent en ce moment dans et par sa Personne. Le Royaume de Dieu est arrivé parmi vous... l’Esprit-Saint est sur moi

Cela se passe chez lui à Nazareth. Il revient dans son village après quelques mois de ministère dans la région; il va renouer avec ses habitudes depuis qu’il est enfant. Jésus est un familier de la synagogue et des rites de la prière le jour du sabbat. On lui tend le livre pour qu’il commente un passage pris au hasard. Mais une nouveauté éclate, qui sera insupportable pour plusieurs de ses compatriotes, quand il déclare que le passage du prophète Isaïe se réalise en lui, quand il prend à son compte ces paroles pour décrire sa mission, quand il affirme qu’il agit avec la puissance de l’Esprit.

C’est en ces terme que s. Luc commence son Évangile. Il suit la coutume des écrivains de son temps en disant que d’autres ont déjà raconté les faits et gestes de Jésus mais qu’il veut le faire à son tour, en s’appuyant sur des témoins oculaires, sur des informations sûres. Il en va de la solidité de l’enseignement. C’est donc ainsi que commence le ministère de Jésus. Grâce à l’Esprit-Saint qui est avec Lui, en Lui, il va apporter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux prisonniers qu’ils sont libres, proposer aux aveugles la lumière, etc....
Jésus peopose un modèle à suivre, pour ceux qui ont la responsabilité de faire l’homélie, pour celles et ceux qui l’écoutent, nous les baptisés. Est-ce qu’il est possible, de dimanche en dimanche, de redire: cette Bonne nouvelle se réalise aujourd’hui, cette semaine, grâce à la puissance de l’Esprit qui agit en nous? J’ai réfléchi quelques instants et je vous relance la question. Un exemple: il me semble que l’organisation de nos catéchèses aux jeunes témoigne de cette présence dans nos communautés de l’Esprit. Dans un délai très court on s’est pris en charge rapidement: c’est un mouvement qui couvre toutes les paroisses du Québec, avec des avancées et des retards compréhensibles cependant.


Cette Parole lorsqu’elle est proclamée à l’église ou dans de petits groupes d’enseignement, de catéchèse, c’est Jésus lui-même qui livre les secrets d’amour de son Père. Si Jésus vient vers nous dans le Pain eucharistique, il s’approche de nous également en nous donnant son Esprit, qui nous permet de mieux comprendre sa Parole et de nous ouvrir à ce don incomparable. Ce sont les deux tables offertes à la messe: la table de la Parole et la table du Pain de vie

Dans la première lecture (au livre de Néhémie), en entendant la parole proclamée, les gens disaient: Amen, Amen en se prosternant. D’autres pleuraient parce qu’ils en avaient été privés durant des années d’exil à l’étranger. La parole les rejoint au plus profond de leur coeur; ils accueillent avec émotion l’annonce de l’amour inconditionnel de Dieu envers eux, lui qui ne les avait pas abandonnés. Je pourrais me demander alors comment la Parole de Dieu me rejoint? Me touche-t-elle vraiment, vient-elle me remuer parfois? Une personne un jour écoutait une homélie sur Jésus le bon Pasteur qui prend soin de ses brebis. Elle avait entendu ce texte des dizaines de fois, mais voici que cette fois ça l’a touché, car elle vit un moment difficile. Depuis lors, elle sait qu’elle ne sera jamais seule lorsque surviendra la maladie ou une autre épreuve. Le bon Pasteur sera là pour la réconforter. Cette conviction nous vient de l’Esprit qui agit en nos coeurs quand ils sont bien disposés.
C’est la responsabilité de ceux qui prononcent l’homélie de favoriser ce climat. De mon temps de formation, on disait qu’une homélie doit comporter une bonne introduction et une bonne conclusion et faire en sorte que les deux soient le plus rapprochés possible. On nous mettait en garde contre les homélies en trois points: soit point de fond, point de forme et point de fin Aussi on disait avec humour que le jour de la Pentecôte, il a suffi d’une prédication de s. Pierre pour faire trois mille conversions. “On vous souhaite de ne pas devoir faire trois mille homélies pour un seul converti.” L’homélie suppose de la part de l’auditoire une capacité d’écoute, une disponibilité, une attente. Et de la part du prêtre ou du diacre, un peu de savoir-faire et une certaine quantité de prière.

Dans un monastère, le père maître des novices interrogeait le jeune frère cuisinier sur l’homélie qu’avait prononcée le père Abbé à la messe du dimanche précédent. Il ne s’en souvient pas du tout Pas un mot Alors il lui fait un peu la morale en disant: “Donc nous on se prépare pour rien, on parle dans le vide” Le jeune réplique en lui disant qu’il entend tout, que c’est beau, mais qu’il ne retient rien “C’est comme lorsque je lave ma salade; l’eau est disparue, mais elle a rempli son rôle. La salade est propre. Je ne retiens pas les paroles, mais mon coeur est renouvelé.”

C’est la grâce que je vous souhaite+
évêques, des prêtres, des diacres. Ce service répond à une nécessité permanente d’un diocèse, d’une paroisse. Il y a d’autres ministères qui reçoivent un mandat de l’évêque: des personnes impliquées depuis un bon moment dans un secteur de la pastorale, reconnues compétentes par leur entourage, comme les agentes de pastorale, les responsables de la catéchèse.
Il y a d’autres services plus spontanés qu’une personne rend pour un temps, soit qu’elle y est invitée, soit qu’elle s’y implique à partir d’un appel intérieur.

L’Église habitée par l’Esprit de Jésus nous apparaît comme une communauté de services, de charismes. Son organisation se fait comme de l’intérieur. Il y a dans une paroisse tous les talents requis pour son bon fonctionnement: c’est à nous de les découvrir, c’est à chacun/e de déceler en soi les appels de l’Esprit. Dans l’Église il y a des structures, une architecture qui la tient en place: c’est la hiérarchie, l’autorité qui vient d’en-haut et qui est nécessaire dans une organisation qui dure depuis 2000 ans . Mais il y a aussi un Esprit intérieur, un Esprit de famille qui réchauffe la fraternité, qui invite à la participation. Cet Esprit nous amène à poser des gestes qui construisent l’Église et par là qui contribuent à un monde meilleur. A nous de les deviner, de les discerner, de sorte que de semaines en semaines on puisse dire nous aussi: l’Esprit du Seigneur est sur moi, il m’a conduit à telle ou telle action....Amen