vendredi 10 septembre 2010

HOMÉLIE DU DIMANCHE LE 12 SEPTEMBRE 2010

LE VISAGE DE DIEU

L’Évangile nous manifeste un visage de Dieu avec lequel nous ne sommes pas encore trop familiers, tellement il va à l’encontre de nos peurs, de nos sentiments spontanés à son égard. C’est la joie de Dieu, un visage rayonnant du bonheur de retrouver et d’accueillir ce qui était perdu. Visage de Dieu étonnant qui rompt avec celui du juge impitoyable dont nous l’avons si souvent affublé ou masqué. Un Dieu-gendarme, un Dieu qui se venge ou encore qui permet à des kamikazes de faire sauter des bombes contre ses ennemis. Notre Dieu est tout autre...

Ce visage c’est Jésus évidemment qui nous l’a dévoilé à travers son propre comportement à lui; on n’aurait pas trouvé ça tout seuls. Jésus accueillait les publicains et les pécheurs; on dirait aujourd’hui la populace. Ces gens-là venaient à Jésus pour l’écouter. Ils avaient deviné les sentiments qui remplissaient son cœur, ils se sentaient reconnus, aimés malgré leurs péchés, malgré le mépris dont les enveloppaient les bien pensants de l’époque, ceux qu’on nomme les pharisiens. Ils retrouvaient près du Seigneur un sens à leur vie. Cette joie aussi débordait du cœur de Jésus; il la partageait en mangeant avec eux, en s’invitant même à l’occasion chez eux, comme chez Zachée. “Cet homme fait bon accueil aux pécheurs et il mange avec eux”.

Mais les autorités, du haut de leur fidélité à la Loi, récriminaient; ils n’admettaient pas qu’un honnête homme fréquente ces gens-là. Par un série de paraboles successives Jésus leur décrit (et nous décrit) la véritable attitude de Dieu, son ardeur à rechercher le pécheur, sa joie lorsque celui-ci revient, joie qu’il veut partager avec toutes ses créatures. Regardons d’un peu plus près ces paraboles.

Abandonner un troupeau dans le désert, lieu de tous les dangers, pour partir à la recherche d’une seule brebis perdue, ça défie notre logique. Le contraste que met Jésus entre les 99 brebis restées au pâturage et une seule fugueuse, ça accentue encore le prix que Dieu attache au salut de chaque être humain. Sommes-nous conscients de cette attitude de Dieu envers nous? Avons-nous nous-mêmes ce souci de rejoindre et de sauver ce qui se perd? Regardons dans nos milieux. Ça devrait influencer nos priorités pastorales et notre cheminement personnel de foi. La brebis perdue peut aussi représenter une part de nous-mêmes. N’avons-nous pas à l’occasion une part d’égarement dans nos vies? Sommes-nous conscients de la joie de Dieu quand nous revenons vers Lui? Son visage alors n’est pas celui d’un juge impatient mais celui d’un Père aimant.

Au redépart d’une année pastorale, c’est bon de s’en souvenir!

Regardons de nouveau le berger sur les traces de sa brebis manquante; on l’imagine scrutant les buissons ou chaque ravin ou amas de rochers. Regardons aussi la femme qui met la maison sans dessus dessous à la recherche de la pièce de monnaie égarée. On dirait aujourd’hui le billet de loto gagnant qu’on a mis on ne sait plus où... L’Évangile note finement qu’ils cherchent jusqu’à ce qu’ils retrouvent... rien ne peut décourager leur volonté de recouvrer à tout prix ce qui leur était si cher. Si la femme a retrouvé sa pièce d’argent et le berger sa brebis, c’est en raison de leur initiative et de leur détermination. Le Seigneur ne se décourage pas de nos insouciances, de nos abandons, de nos lenteurs, de nos surdités à ses appels. En retour, nous ne devrions pas briser le dialogue avec des personnes en révolte ou en rupture avec l’Église, que ce soit des jeunes rebelles ou dans le monde des adultes. Plutôt que de couper les ponts, demeurer ouverts, continuer la recherche. En somme emboîter le pas à notre Dieu en quête de ses enfants égarés. Faire tout pour lui procurer la joie des retours...

La dernière parabole, nous ne l’avons pas lue car nous la connaissons bien; c’est d’ailleurs la plus célèbre des Évangiles, c’est celle du Père prodigue. Jésus va plus loin en nous montrant que Dieu est un Père qui a des entrailles de mère, un excès d’amour pour ceux/celles qui se sont éloignés de Lui.. Le père donne l’ordre de rétablir son fils rebelle dans sa dignité première; il ne sera pas un serviteur ou un simple ouvrier dans son entreprise. Il est son enfant bien-aimé. Tout cela non à cause des mérites de celui qui revient mais à cause de la bonté ce celui qui l’accueille. Surtout que le fils qui est revenu ne l’a peut-être pas fait par amour pour son père mais, mêlé sans doute à un peu de repentir, par intérêt personnel.

Voilà le visage de notre Dieu dont Jésus a prouvé la vérité par toute sa conduite. Un Dieu qui pourrait punir, qui pourrait faire patienter, faire peser son désaccord envers ceux et celles qui ont vécu sans tenir compte de lui. Au contraire, c’est parmi les pécheurs que son Amour peut donner sa pleine mesure. Le seul obstacle que nous pourrions mettre, c’est de nous croire tellement du côté des justes que nous finissions par ne plus avoir besoin de son pardon.

Demandons au Seigneur de bien comprendre son message et de nous ouvrir sincèrement à Lui qui nous aime à ce point. Il a envoyé son Fils sur terre, au cœur de notre humanité, justement pour qu’il ramène, non à coup de bâton mais sur ses épaules chaque brebis perdue. Qu’il nous donne d’accueillir dans la confiance cette Bonne Nouvelle et la joie d’une telle tendresse.

Mettons cette nouvelle année sous l’enseigne de la bonté du Père. Rassemblés pour célébrer l’Eucharistie, prenons conscience que le Seigneur nous invite à entrer dans son amour, dans une communion profonde avec lui. Ainsi se développera en nous le goût de devenir les témoins de sa compassion et de sa joie autour de nous, à la maison, dans le quartier ou dans notre paroisse.