dimanche 11 avril 2010

PAQUES 2010

PÂQUES 2010

En méditant sur la célébration de ce matin et sur les textes de la liturgie d’hier soir, une image qui me vient souvent s'est représentée à mon esprit. Il vous est peut-être arrivé lors d’un voyage de vous trouver très tôt dans une grande église ou dans une cathédrale, de bonne heure, quand le soleil n'est pas encore levé ou que le temps est nuageux. Vous vous êtes approchés des verrières qui vous ont semblé bien peu attirantes. Vous avez vu là des plaques de verre sombres, fades, entrecoupées de lisières de plomb, un métal terne et froid. Il n'y a rien là qui séduise l’oeil ou qui réjouisse le coeur. On tourne rapidement le dos en se disant: c'est moche, allons voir autres choses!

C'est un peu l'expérience de Marie-Madeleine et des femmes qui avaient suivi Jésus; elles s'étaient rendues à son tombeau pour compléter son embaumement le lendemain du sabbat. Il fait encore nuit, elles ne peuvent distinguer que de la grisaille, ce qui se marie bien avec la tristesse de leur coeur. Elles voient la pierre qui a été roulée, le trou noir qui forme l'entrée de la tombe, l'espace sombre qu'on devine à l'intérieur, le vide laissé par celui qui aurait du être là t qui n’y est plus! Ce que Madeleine constate ce n'est que de l'absence Elle n’a pas l’âme à la fête. Rien pour réchauffer son coeur et lui redonner un peu d'espérance. La mort de Jésus a été un scandale!

Combien de nos concitoyens, femmes et hommes de chez nous vivent cette situation; les journaux ont parlé de choses bien tristes à l’occasion de la S.Sainte. On a déjà entendu parler du Christ vivant, il nous reste parfois quelques bribes de notre héritage chrétien mais qui n’ont plus beaucoup de poids. Plutôt ce qui frappe, quand on regarde le monde autour de soi c'est comme un vide, une absence de Dieu; on voit partout de la souffrance, de la violence, la culture de la mort qui semble vouloir accaparer l’attention. Pour bien des gens, Dieu est mort en quelque sorte... on a enlevé petit à petit toute trace de sa présence dans l'organisation de la société et Lui ne semble pas sen'être objecté. On s'est accoutumé à voir Dieu mis à l'écart. Notre terre devient de plus en plus un lieu de détresse, où fleurissent le désenchantement, la morosité...

Revenons à notre vitrail. Voici qu'à un moment donné, à l'extérieur, quelques rayons du soleil percent les nuages. Quelque chose se met à vibrer, un éclat de lumière colorée attire notre regard. On ne voit pas très bien les dessins ou les formes, mais on sent qu’il y a là quelque chose de beau! En se forçant les yeux on distingue quelques motifs, un visage, une main, un pan de vêtement. Puis on a le réflexe de s'approcher, la curiosité a été piquée.
C'est cette seconde étape qu'ont vécue les femmes de l’Évangile, puis Pierre et Jean. Pierre entre dans le tombeau: il voit le linceul et le linge qui avait recouvert la tête de Jésus, roulés à leur place, disposés avec respect. Le corps est absent, mais Pierre reste là, figé, intrigué sans comprendre. Il n'a pas encore assez de lumière en lui pour tout saisir: il lui manque la foi pascale. Ce pourrait-il que tout celà soit vrai, ce que Jésus avait annoncé de sa Résurrection...

Cette attitude est aussi celle de bon nombre d'entre nous. Nous acceptons les données de la foi, nous aimerions y croire, mais il manque quelque chose. Notre foi est encore dans la lumière naissance, dans son aurore. Nous préférerions peut-être en rester là de peur que ça bouleverse nos vies. Croire que Jésus est vivant, qu'il est sorti de la mort, ça n'a presque pas de bon sens. Nous sommes en recherche, nous avons besoin d'explications, car il y a tellement de théories qui circulent. C'est peut-être plus confortable de croire à la réincarnation, moins engageant aussi.

Or voici que le soleil se dégage de sa couverture de nuage. Le vitrail alors resplendit: les couleurs se mettent à chanter, l'image se découpe radieuse, resplendissante. Il n'y a plus de comparaison avec ce qu'on avait vu plus tôt. C'est désormais un plaisir pour l’oeil: plus besoin de mots d'explication, on comprend avec son coeur le sens de ce qui est exprimé là, on est comme saisi par un mystère qui nous dépasse.

C'est ce qui est arrivé à Jean comme aux saintes femmes. Lorsque le disciple que Jésus aimait est entré dans le tombeau il voit les mêmes signes que Pierre. Mais il les regarde à la lumière de l'amour qu'il a pour le Seigneur et il comprend. Il a vu et il a cru, nous dit l'Évangile. Devant ce qu'il voit, son cœur lui chante que la vie est plus forte que la mort et que Jésus est vivant. Cette foi, l'Église naissante l'a découverte petit à petit à travers les signes que le Ressuscité lui a donnés et l’annonce de cette Bonne Nouvelle, ça dure depuis 2000 ans.

C'est la fête de Pâques, le mémorial de la résurrection du Seigneur. Nous n'avons plus, bien sûr, devant les yeux le tombeau vide. Ce qui nous reste c'est la foi des témoins, la foi pascale parvenue jusqu’à nous et que l'Esprit-Saint ravive en nos coeurs. Elle nous murmure que le Christ est vivant au milieu de nous et qu'Il nous inonde de sa lumière. Et à notre tour, comme Marie-Madeleine, comme Pierre et Jean, nous sommes invités à en devenir des témoins par notre joie de vivre, par notre ardeur à faite face à l'avenir. Puissions-nous être pour ceux qui demeurent plongés dans la pénombre des signes d'espérance!

Nous avons répété souvent depuis le début du carême “Confiance, Dieu tient Parole!” “Eh bien, toi qui es le Vivant remets en nos coeurs cette joie à l’occasion de cette belle matinée de Pâques!”