mardi 17 août 2010

HOMÉLIE DU DIMANCHE LE 8 AOUT 2010

Garder sa lampe allumée

Une grand’mère prenait une marche avec sa petite fille dans le cimetière paroissial, sous les beaux arbres. On s’arrêtait pour lire les inscriptions sur les épitaphes. C’était écrit: “A notre ange chéri... A mon époux regretté...Pour Jeannot, ta famille inconsolable... Pour notre Mamie que nous aimions tant... Par tes compagnons de chasse: Tu nous manques!” En sortant du cimetière, la petite fille demande: Dis donc Mamie, où est-ce qu’on les enterre les méchants?

Rendus à ce niveau-là on est sans doute tous bons! Mais la 2e lecture rappelle une évidence à laquelle nous ne prêtons pas suffisamment attention. Comme tous les êtres humains qui nous ont précédés, nous demeurons des étrangers et des voyageurs sur la terre. Viendra un jour où il nous faudra quitter notre coin de pays. On ne peut esquiver cette question même si un jour on pourra faire des éloges sur notre compte, il n’y a rien là pour nous enlevé de la liste.

Ceux et celles qui croient en Jésus, le Christ, adhèrent à ses promesses. Promesse d’une création nouvelle, d’une demeure où il n’y aura plus de pleurs, ni de cris, ni de tristesse. Promesse d’une vie nouvelle, éternelle et entièrement transformée. Si on croit vraiment à ces promesses, ça peut changer notre manière de vivre. Il se crée tranquillement dans nos cœurs comme une tension vers ce Royaume promis. On devient soucieux de se conformer aux consignes de Jésus: “Restez en tenue de service et gardez vos lampes allumées... comme des gens qui attendent leur maître à son retour des noces”.

Vivre en tenue de service c’est demeurer en attente de quelque chose de beau, de grand, de réjouissant et comblant que nous ne possédons pas encore pleinement: soit la paix profonde, la joie, la vie pleine, tous nos besoins comblés. C’est surtout vivre en attente de quelqu’un que nous connaissons et aimons déjà, Dieu qui est Père, Fils et Esprit, une nouvelle famille, que nous ne voyons pas de nos yeux et avec qui nous ne sommes pas encore en communion parfaite. Je suis toujours surpris quand les familles choisissent pour les funérailles d’un de leurs proches la chanson de Claude Dubois “Si Dieu existe...” et qui décrit comme les premiers instants vécus par le défunt après sa mort. Les premiers mots du refrain décrivent l’impression de l’âme qui prend son vol et qui constate: “Personne, personne...” Nous chrétiens on devrait chanter: “Quelqu’un, Quelqu’un”... Nous ne nous en allons pas vers le vide mais vers une présence aimante, Dieu qui nous accueille...

Garder sa lampe allumée, demeuré en tenue de service, c’est nous tenir prêts à accueillir une fois pour toutes le Dieu bon et miséricordieux en qui nous croyons. Nous espérons ainsi recevoir de lui tous les bienfaits annoncés et avoir le bonheur de le rencontrer dans une communion éternelle. Il y a aussi une hôtesse qui nous y introduira, celle à qui nous avons demandé mille fois d’être là maintenant et à l’heure de notre mort, la Vierge Marie.

Les lectures proclamées il y a quelques instants permettent d’être encore plus concret. Garder sa lampe allumée c’est aussi rester plus libre par rapport à ce qui nous attache sur la terre. Notre vieux Père Abraham demeure encore un modèle lui qui a laissé tous ses biens pour se rendre dans le pays que Dieu lui promettait. Il partait sans connaître le trajet qu’il allait parcourir. Jésus nous dit: “Faites-vous donc une bourse qui ne s’use pas, des placements qui ne fluctuent pas”. C’est aussi se tenir loin de tout ce qui défigure notre monde, de ce qui le déshumanise, comme la consommation effrénée, incontrôlée. On est littéralement englouti sous les gadgets qui sont supposés nous rendre la vie plus agréable. Ceci s’apparente au comportement du serviteur mauvais qui voyait que son maître tardait à venir et qui se mettait à boire et à s’empiffrer. Comme disaient les anciens païens: “Mangeons et buvons car demain nous mourrons”. On voit ça encore aujourd’hui!

L’attitude de service et de vigilance que recommande Jésus c’est, en plus d’être à l’affût d’un service à rendre, à l’écoute du besoin d’un proche, c’est de demeurer attaché à la volonté de Dieu comme Marie qui est le modèle de l’Église. Heureux les disciples qui tout en aimant vivre sur terre, n’oublient pas qu’ils sont des étrangers et des voyageurs. La vraie patrie se trouve ailleurs, où Dieu les appelle et les attend. Heureuses les personnes qui tout en jouissant des biens de la vie, de ses beautés et de ses petits bonheurs, ne s’en rendent jamais esclaves. Elles sont conscientes qu’elles devront les quitter pour renaître dans un monde meilleur. Ceux et celles également qui attendent non pas en se croisant les bras mais en essayant de construire un monde meilleur à l’image, quoique très imparfaite, de celui que Dieu remettra entre leurs mains.