samedi 12 février 2011

HOMÉLIE DU DIMANCHE 06 fev. 2011

« Vous êtes le sel de la terre… Vous êtes la lumière du monde »



Les jours rallongent heureusement. Mercredi fête de la Présentation, l’Église a reconnu en Jésus la lumière du monde et la gloire du peuple de Dieu. Le fait que le Christ éclaire nos vies est déjà une bonne nouvelle. Nous avons reçu sa lumière le jour de notre baptême et nous avançons dans la vie en enfants de lumière. Il faut que nous en soyons conscients. A cette grâce de Dieu est attachée une grande responsabilité, une mission. Pas seulement pour les curés et les gens de la pastorale. Au moment où nous sommes rassemblés autour de Jésus pour écouter sa parole, il nous redit : « Vous êtes le sel de la terre… Vous êtes la lumière du monde ». Jésus ressuscité compte sur nous pour éclairer la nuit de notre monde . Nous sommes bien conscients de ce que ça veut dire. Disciples du Christ, nous avons la responsabilité de répandre autour de nous le goût de l’Évangile. Quelle confiance le Seigneur nous fait mais aussi quel défi!


Lorsque Jésus emploie les images du sel et de la lumière, il y voit quelque chose de bon. Mais de nos jours, le sel a mauvaise presse. Nous en mangeons trop : attention aux maladies cardiaques. Des firmes se spécialisent dans des produits sans sel. Quant à la lumière, du moins celle du soleil, il faut nous en protéger : attention au cancer de la peau! Cette méfiance moderne s’apparente étrangement à la réaction de bien de nos contemporains par rapport à l’Église et à ses prises de parole. Dans ces conditions, il faut le reconnaître humblement : être le sel de la terre et la lumière du monde n’est pas une mince affaire.


Comment demeurer fidèles à la mission confiée par Jésus à ses disciples? Nous préférerions sans doute rester tranquillement chez nous plutôt que de courir le risque d’éloigner nos proches en prenant la parole ou en agissant au nom de notre foi. Pourtant la mission dont parle Jésus dans l’Évangile n’est pas réservée à ceux et celles qui sont officiellement mandatés par l’Église pour une charge pastorale. Jésus s’adressait à tous ses disciples quand il disait : « Vous êtes le sel de la terre… vous êtes la lumière du monde ». Tout le peuple de Dieu, celui que nous formons est chargé de transmettre aux autres le goût de l’Évangile et de faire briller la lumière du Christ au milieu des ténèbres de la vie. Et les occasions ne manquent pas, on n’a qu’à feuilleter nos journaux.


Il est normal que l’ampleur de cette mission suscite de l’inquiétude, de l’inconfort. Cela peut nous paralyser, nous empêcher de témoigner de notre foi. C’est bon pour les autres ou comme on dit aujourd’hui : Pas dans ma cour! Il importe alors de nous rappeler que depuis le matin de Pâques, l’annonce de l’Évangile ne va pas sans risque. Paul disait dans la 2e lect. : « Quand je suis venu chez vous, je ne suis pas venu vous annoncer le mystère de Dieu avec le prestige du langage humain ou de la sagesse… C’est dans la faiblesse, craintif et tout tremblant que je suis venu chez vous. Mon langage, ma proclamation de l’évangile n’avaient rien à voir avec le langage d’une sagesse qui veut convaincre ». Si le grand saint Paul a vécu de tels sentiments envers sa mission, n’est-il pas normal que nous soyons aussi craintifs et tout tremblants devant la responsabilité que nous confie le Christ?
Donc, il faut connaître les secrets d’un bon assaisonnement. Prenons au sérieux la manière avec laquelle Jésus décrit la mission qu’il nous confie : « Vous êtes le sel de la terre ». S’il ne faut pas abuser du sel, il ne faut pas s’en abstenir totalement. Apprenons à être de bonnes cuisinières, de bons cuistots. Pas assez d’épices, le plat est fade, sans goût. Trop d’épices et la sauce est gâchée. De même, il faut apprendre à respecter la sensibilité de celles et ceux que le Seigneur place sur notre route. Il faut savoir comment doser la manière dont nous parlons au nom de notre foi. N’ayons pas peur de parler, mais ayons toujours assez d’humilité pour demander à l’Esprit-Saint de nous inspirer la parole qu’il faut, celle qui rejoindra les coeurs. N’oublions pas non plus de lui demander de préparer le cœur de celles et ceux à qui nous témoignerons de notre foi. Parfois même le silence vaut mieux; les gens nous regardent agir. Notre manière d’être parle aussi, elle est éloquente.


Il faut savoir aussi les secrets d’un bon éclairage. Jésus nous dit : « Vous êtes la lumière du monde ». Après la présentation d’un film, si on allume les lumières à pleine puissance, les gens seront aveuglés. Évitons d’imposer le faisceau de nos projecteurs dans les yeux des gens. Offrons plutôt la lumière du Christ qui est douce. La première lettre de Pierre dit : « Ayez au milieu des païens une conduite excellente; ainsi, alors même qu’ils vous calomnient… ils auront devant les yeux vos actions et ils rendront gloire à Dieu ». Choisissons d’offrir la lumière plutôt que de l’imposer. Pour cela, nous pouvons nous inspirer de ce que le prophète disait dans la première lecture : « Partager ton pain avec celui qui a faim, recueillir chez toi le malheureux sans abri, couvrir celui que tu verras sans vêtements, ne pas te dérober à ton semblable... Si tu donnes de bon cœur à celui qui a faim, et si tu combles les désirs du malheureux, ta lumière se lèvera dans les ténèbres et ton obscurité sera comme la lumière de midi ». Ces paroles nous viennent de loin, mais elles sont toujours actuelles. Que vos paroles et vos actions témoignent sans cesse de votre foi.


Nous sommes donc sel de la terre et lumière du monde parce que celui en qui nous croyons, Jésus-Christ, est la lumière qui s’est levée sur ceux qui habitent le pays de l’ombre et de la mort. Comme lui nous avons à assaisonner le monde en lui donnant la saveur de l’Évangile. Notre mission, comme la sienne, est un chemin difficile mais pas impossible. En étant avertis ce qui se passe dans notre société, nous constatons qu’il y a place pour le témoignage chrétien.


Aussi, si nous regardons attentivement nous allons découvrir que beaucoup de gens remplissent, souvent sans le savoir, cette consigne par leur façon de vivre. Leur bonne humeur donne le goût de vivre, écartent les mauvais présages, donne confiance en l’avenir. Leur foi parle d’elle-même. A l’occasion des Fêtes récentes, on a vu au Québec par exemple, un accroissement significatif de la participation aux messes de Noël. C’est assez généra l selon une enquête récente. Nous pouvons témoigner que des gens ont donné l’exemple. S’il y a un goût pour écouter de nouveau la Parole de Jésus, soyons de ceux et celles qui en favoriseront la possibilité. Profitons de toutes les occasions du quotidien pour témoigner en paroles et en actes de l’espérance qui habite nos cœurs.