mardi 29 juin 2010

HOMÉLIE DU DIMANCHE 27 juin 2010

“Qui suis-je” demande Jésus

“Qui suis-je” demande Jésus à ses amis. Cette question a rebondi constamment dans l’histoire du christianisme, chez nous comme ailleurs. Sans doute, ceux et celles qui l’ont posée n’ont jamais obtenu une réponse définitive! Il vaut la peine de la reformuler aujourd’hui, ne serait-ce que pour faire le point sur ce que nous croyons. Il faut admettre que le contexte social actuel ne favorise pas une réflexion sérieuse sur le contenu de notre foi. On vit à l’époque du doute, de la critique à tout niveau. Notre temps est marqué par le matérialisme et la sécularisation. On constate ici un vaste courant d’indifférence, de moquerie, sinon carrément de contestation de la foi catholique. Le judéo-christianisme est coupable de tous les maux, dit-on, style critique d’adolescents qui incriminent la maison familiale. C’est alimenté sans doute aussi par les médias, la littérature qui présentent Jésus tantôt comme un extraterrestre, comme l’époux de Marie-Madeleine ou comme une sorte de gourou formé en Inde, etc....

On ne nie pas les bienfaits du progrès social, des nombreux droits et libertés acquis, des découvertes technologiques, de la croissance à tout niveau. Mais on constate dans notre société bien des déceptions, des recherches de sens qui ne débouchent pas. Beaucoup d’espoirs et d’attentes naissent dans ce bouillonnement, mais est-ce que Celui que Pierre a désigné comme le Messie de Dieu y a encore sa place? Tout dépend évidemment de l’idée qu’on se fait de lui.
A la question “Qui suis-je?” plusieurs aujourd’hui répondraient: “je n’en ai aucune idée, je ne le connais pas, concrètement il n’a pas d’importance à mes yeux”. Même parmi les baptisés, certains en sont peut-être restés au petit Jésus de leur enfance; sont-ils intéressés à connaître vraiment le Christ adulte? Ils ne croient pas qu’il est la clé qui pourrait leur permettre de grandir, d’ouvrir leurs horizons, sortir de leurs routines. Y aurait-il chez nous des pratiquants non-croyants? C’est ce qui peut expliquer qu’on cherche à répondre à nos questionnements sur le sens de la vie, uniquement par nos propres moyens ou par ce que nous suggère les solutions commerciales, la consommation sans limite. Est-ce que l’abondance de ces biens arrive à combler notre faim de vivre à plein?
Mais il y a aussi ceux et celles qui croient et pour qui Jésus est quelqu’un d’important. On a fait sa rencontre lors d’une retraite, d’une lecture, d’un partage d’Évangile et on a réussi à lui dire: “Je crois Seigneur que tu es mon Sauveur personnel et que tu donnes sens à ma vie”. Nous faisons partie de cette catégorie, mais il nous arrive quand il s’agit de foi de demeurer perplexe, de n’avoir pas toutes les réponses. Avouons qu’il n’est pas facile d’être croyant/e à notre époque, encore moins d’exprimer sa foi avec des mots d’aujourd’hui.

Malgré tout, il vaut la peine de reconsidérer la question de Jésus:”Pour vous qui suis-je?” Comme l’apôtre Pierre, prenons le temps d’y répondre personnellement avec nos mots à nous. En affirmant qu’il est le Messie de Dieu, Pierre a vu juste, même s’il a du cheminer longtemps avant de comprendre la portée de sa réponse. Notre perception à nous pourra évoluer et elle changera dans la mesure où on le connaîtra de mieux en mieux.

Mais comment le connaître en profondeur? Peut-être faut-il commencer par mieux se connaître soi-même. La question pourrait v.g. se poser aux papas que nous fêtons aujourd’hui. “Qu’est-ce que je désire le plus: laisser le plus bel héritage à ma famille en terme de valeurs, de fidélité, de dévouement, d’amour. Où est-ce que je puis trouver la source et les aliments qui vont soutenir ces valeurs”. Un rapide coup d’oeil sur ce que le monde nous propose nous convaincra qu’au-delà de tout le bien-être matériel, qu’on ne boude pas, il y a un plus que nous puisons dans notre foi en un Dieu qui nous aime et que Jésus nous a appris à nommer du beau nom de Père. L’idéal pour répondre à cette question est de nous retrouver dans un climat de prière, tout comme Jésus lui-même l’était avant d’interroger ses disciples. Son identité à lui il la percevait à la lumière de sa relation avec son Père du ciel. Ce Père qui est fidèle et bon l’accompagnait tous les jours par son Esprit. C’était sa source! La prière qui se nourrit de la Parole révélée est sans doute la meilleure manière de découvrir qui est Jésus, le Fils du Père et de le rencontrer.

On aura remarqué le texte du psaume de ce dimanche. Au milieu des épreuves, dans une nuit profonde où le coeur est en situation de sécheresse, le psalmiste s’accroche à Dieu dans la foi pure, car il a déjà bénéficié de son secours. Quand on traverse une sorte de désert, dans l’incertitude et qu’ une foule de questions reste sans réponse, nous pouvons nous en remettre à Dieu dans la foi et l’espérance qu’il nous aidera à s’en sortir.

C’est peut-être la situation de nos pères qui n’est pas facile aujourd’hui. Ils n’ont plus la position traditionnelle où ils étaient responsables de transmettre les valeurs à leurs jeunes pour les guider dans la société, genre: “Nous autres on faisait ça de même!” Les modes de vie et de penser sont transmis depuis quelques décennies par les médias, l’internet, par le contexte social où il se forme des générations qui s’influencent entre elles et qui se modifient à tous les dix ans ou moins. Quel poids a la parole du père dans ce contexte?

Quoiqu’il en soit, il vaut la peine de dire à nos pères qu’ils demeurent importants à nos yeux et que c’est leur présence, leur patience, leur accueil, leur humour même qui nous rejoignent le plus. Comme dit le proverbe: “ce que tu es parle si fort que tu n’as pas besoin de dire quoi que ce soit!”

Prions pour nos pères, remercions Dieu de nous les avoir donnés. Que notre Père du ciel déverse dans leurs coeurs tout l’amour dont ils souhaitent entourer leur famille. Amen!

samedi 12 juin 2010

Homélie du dimanche de la Trinité 2010

J’ignore si quelqu’un a eu l’occasion d’observer de près un beau diamant. Cette pierre précieuse, même très petite, v.g. sur la bague de fiançailles de grand’ maman, même si on doit la regarder avec une loupe, on constate que sa brillance, sa forme et son éclat sont absolument merveilleux. Parfois de la grosseur d’un grain de sable, on serait tenté de mettre en doute sa valeur. Cependant c’est précieux, c’est toujours un diamant. Ça conserve sa valeur dans les familles, les héritages.

Il en va un peu de même de Dieu d’une certaine façon. La plupart du temps, sa présence se fait très discrète. Mais si nous nous donnons la peine de le contempler, nous découvrons en lui mille facettes. Sa grâce est infinie et les moyens de nous émerveiller sont inépuisables. Comme les nombreux côtés d’un diamant, le Père, le Fils et l’Esprit nous révèlent toutes les dimensions de l’amour de Dieu, ce que s. Paul appelait la longueur, la largeur et la profondeur de son souci pour nous. Ensemble, ils ne forment qu’un et pourtant chaque dimension de Dieu nous fait découvrir sa propre richesse, assez pour qu’on reconnaisse en chacun une personnalité distincte. Ils sont trois personnes en un Dieu unique: Dieu Créateur, Dieu Rédempteur, Dieu Sanctificateur! Ensemble ces personnes brillent d’un éclat incomparable et se reflètent l’une dans l’autre. Dans le Fils nous reconnaissons la générosité du Père (souvenons-nous que Jésus avait dit: “Qui me voit, voit le Père!”). Dans l’action de l’Esprit, nous constatons l’œuvre commune du Père et du Fils. Le Père a envoyé son Fils dans notre monde et Jésus finalement nous a envoyé son Esprit pour continuer sa mission.

Il y a une belle complicité entre eux. On peut constater qu’il y a beaucoup de joie quand on vit une bonne entente entre nous, avec une personne ou un groupe. Que ce soit avec des membres de la famille, avec des amis on son conjoint, la complicité permet une unité dans la pensée et dans l’action. On le constate souvent dans nos réunions; basée sur la confiance, on vit une communion profonde qui agrandit et facilite les effets des actions ou des projets qu’on entreprend. Toute tourne sur les roulettes! On peut imaginer ce qui peut se vivre en Dieu. Dans les lectures de ce dimanche, on devine la proximité qui existe depuis toujours entre les personnes de la Trinité. Le Père, le Fils et l’Esprit forment une équipe inséparable qui entreprend un défi extraordinaire, celui de faire entrer toute l’humanité dans sa communion d’amour, comme si son bonheur dépendait finalement de notre réponse. Comme le Fils est venu accomplir l’œuvre de salut du Père, l’Esprit est désormais et pour toujours à l’œuvre, en se faisant complice de Jésus-Christ, en répandant dans nos cœurs son amour. Il y a à un mystère étonnant et exaltant. De plus, la Trinité nous invite à vivre entre nous cette complicité. Nous devenons frères et sœurs en même temps que nous nous reconnaissons fils et filles bien-aimés d’un même Père.

Dieu ne se contente pas du bonheur exaltant qu’il vit à l’intérieur de lui-même, de son équipe, il veut le diffuser à l’extérieur. C’est la raison de la création du monde, une décision dictée par son amour. Il a mis un reflet de sa perfection dans chacune de ses créatures, un reflet de sa beauté, de sa bonté, de son ingéniosité. On remarque ça dans les plantes et les animaux. Mais comme la matière n’est pas parfaite ni infinie... il y a eu de la place pour des manques, des hasards malheureux.

Mais le reflet le plus accompli de Dieu c’est l’être humain fait à son image et ressemblance. Si nous vivons de la vie de la Trinité, nous parvenons à réussir notre vie. Si nous entrons dans la même ronde d’amour et d’échanges, si nous reconnaissons dans l’autre personne un bénéficiaire de l’intimité de Dieu, nous avons des chances de vivre un peu de leur complicité.

Elles ne sont pas nombreuses les traditions religieuses qui proclament un Dieu aussi près des humains. Un Dieu qui désire nous inviter à entrer dans sa ronde, dans ce dynamisme où l’amour est roi.
La première lecture soulignait de façon poétique les sentiments du Créateur dans l’œuvre de sa Sagesse: “Je trouvais mes délices jour après jour, jouant devant Dieu sur toute la terre, et trouvant mes délices avec les fils des hommes”. Dieu s’est plu à créer l’univers et l’être humain. Jésus s’est plu, malgré sa mort douloureuse, à donner sa vie pour que nous ne doutions jamais de son amour.

Sachons reconnaître l’originalité de la révélation du Dieu Père, Fils et Esprit-Saint. Si Jésus nous ne l’avait pas préciser,on ne l’aurait jamais trouvé par nous-mêmes. Mais le sachant, nous pouvons nous y reconnaître parce que nous sommes des êtres de relation, qui avons soif d’aimer et d’être aimés. Il y a plus de plaisir à donner qu’à recevoir, nous suggérait Jésus.

Le mystère de la Trinité est un mystère de vie, une manière de vivre. Nous croyons que nous existons vraiment quand nous nous distinguons, quand nous affirmons notre différence, notre individualité au détriment des autres. Dieu au contraire se définit non par ce qu’il retient, mais par le don qu’il fait de lui-même. Plutôt que l’individualisme qui ronge notre monde, qui détruit notre nature et notre culture, Jésus nous propose une autre manière d’être, un chemin de joie et de bonheur, qui passe par l’autre. Ne sommes-nous pas créés à l’image et à la ressemblance de ce Dieu qui est pleinement en se donnant, ce Dieu qui est Amour! Réussir sa vie c’est accepter de la donner aux autres! (Tout l’Évangile est résumé dans cette petite phrase!).