mercredi 10 juin 2009

Dimanche de l'Ascension 2009

Cet hiver, quand des gens voyaient partir leurs voisins pour le sud, ils se disaient: "les chanceux... nous on reste avec la gladoue, les 30 sous zéro et les tempêtes". Ce fut probablement l'attitude des disciples de Jésus quand ils apprirent qu'ils les quittait. " Le chanceux, il s'en retourne au ciel... dans son Royaume, nous on reste avec les problèmes". Ils avaient cru que Jésus le construirait lui-même ce fameux Royaume dont il avait tant parlé, qu'il établirait enfin le ciel sur la terre. Les compagnons de Jésus regardent vers le ciel, désemparés, perplexes.
La fête de l'Ascension souligne la disparition de cette présence visible de Jésus qui s'était manifestée après sa résurrection à ses amis, qui avaient été lents à croire mais qui finalement l'avaient reconnu.Ils ont tendance à conclure que le Seigneur est maintenant au ciel pour le reste des temps. Une dernière chance, ils regardent en haut comme pour attendre qu'il intervienne pour changer le monde. Pourtant, ce qui est important c'est ce qui va se passer désormais dans leur vie, en Église, au ras du sol.
Attendre tout d'en haut, c'est une attitude bien ancrée dans notre vie, depuis qu'on est petit enfant. Adolescent, même quand on se donne des allures d'indépendance, on dépend encore des parents. Même adulte, on conserve cette attitude vs l' État: qu'on vienne faire les choses à sa place (services disponibles, subventions, lois, interventions de toutes sortes, sans qu'on ait trop à se préoccuper de ses devoirs et de ses responsabilités sociales). On demande la même chose à l'Église; qu'on ait tout sur un plateau sans qu'on ait à trop se déranger. C'est attitude de dépendance que Jésus a voulu corriger en quittant notre monde matériel (on peut imaginer ce qui lui serait arrivé s'il était demeuré physiquement présent... il aurait été assiége du matin au soir par toutes les demandes).
Jésus veut faire évoluer ses amis et nous avec; il leur apprend que Dieu n'est pas seulement en-haut comme un pourvoyeur de miracles. Il promet son Esprit-Saint, que j'appelle Dieu par en-dedans. Je serai avec vous pour vous soutenir, vous accompagner. Je vais vous laisser une force, une lumière qui va vous faire comprendre mon message. pas un secours-direct qui vient régler tous les problèmes mais un ami qui nous aide à faire notre bout de chemin. Dieu n'est pas seulement le Dieu Providence par en-haut, mais Dieu qui habite en nous comme un compagnon fidèle, un soutien de tout instant. C'est le rôle de l'Esprit-Saint que Jésus laisse à ses amis: d'être un consolateur, un accompagnateur, un défenseur. Mais il y a un autre endroit où le Seigneur de l" Ascension révèle sa nouvelle présence, c'est en-avant. Allez, prenez des initiatives, enseignez toutes les nations.... c'est le lieu de la mission, jusqu' aux extrémités de la terre. "Il n'y a pas d'endroits assez éloignés ou assez creux pour que je n'y sois pas rendu avant vous, pas de situations assez compliquées pour que n'y sois pas déjà à l'oeuvre. Allez-vous en en Galilée (une région multi-ethnique et païenne à l'époque) c'est là que vous me verrez. Je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde. Donc sortez du Cénacle, allez dans le trafic, n'ayez pas peur. Il y aura des signes qui vont vous montrer que je suis là: vous chasserez des esprits mauvais (le mal va reculer)... vous parlerez un langage nouveau (même si vous n'avez pas toute l'instruction et les compétences désirées, votre exemple parlera plus fort que vos discours)... Vous prendrez des serpents, vous vous impliquerez dans des situations empoisonnées et on ne pourra rien contre vous... vous imposerez les mains aux malades et ils s'en trouveront mieux..."
D'autres signes nous accompagneront. Ils seront évidents à nous voir agir: -patience à toute épreuve malgré les oppositions et difficultés -paix et unité dans les communautés qui s'ouvriront à la mission, -amour et réconcilation à l'oeuvre dans les groupes que vous formez.
Voilà une autre maniere dont Jésus se montre présent même s'il est désormais invisible, i.e. au coeur des engagements qui sont pris en son nom. C'est en même temps la troisième étape de notre maturité chrétienne. Jésus nous invite à découvrir que Dieu n'est pas seulement en-haut, dans les demeures éternelles: on risquerait de rester la tête tounée vers le ciel.... pas seulement au creux de notre coeur, en-dedans de nous qui est la demeure de l'Esprit-Saint. Ici on risquerait de se refermer sur cette présence chaude et réconfortante. Mais il est aussi en-avant, sur le terrain un peu plus rude, un peu plus rocailleux de nos engagements chrétiens. Jésus est le Seigneur de l'avenir, celui qui est, qui était et qui vient... Il sera là dans les aménagements auxquels notre Église doit actuellement se plier pour affronter une nouvelle époque de son histoire.
La fête de l'Ascension veut donc nous faire comprendre que si Jésus ressucité n'est plus sensible à nos yeux comme il l'a été à ses disciples un certain temps, il n'en est pas moins présent à notre monde, agissant par nos mains. Son Royaume il nous a laissé de le construire avec lui en en témoignant. C'est par la foi qu'on y entre, c'est par la foi qu'on le découvre.
Jésus nous invite à faire voir à nos milieux cette dimension de la vie où Dieu est toujours agissant. Il nous donnera les forces pour le réaliser ainsi que des signes concrets de sa présence.