vendredi 26 février 2010

LA PROMESSE DE DIEU

Nous vivons dans un monde où la confiance et la foi, ça ne va pas de soi! Si on veut faire rigoler quand on est dans un groupe, on n’a qu’à faire référence à une de nos institutions, la politique, les soins hospitaliers, l’école ou l’Église, et on pourra s’attendre à une farce plate! On a réussi à bien rire au sujet de la canonisation prochaine du Frère André. Cette mentalité, ce désenchantement, risquent de nous influencer et même de nous fragiliser si nous sommes encore croyants et croyantes. On risque de ne plus croire à rien. On se laisse aller à la dérision, au culte de l’absurde; ce sont les derniers pas avant la mort d’une collectivité privée de projet, privée d’avenir.

Les textes bibliques de ce dimanche qui parlent de la promesse de Dieu, nous rejoignent et nous interpellent encore, même si on a de la difficulté à croire aux promesses. On a été déçu tellement souvent par des engagements non tenus. La Bonne Nouvelle qu’ils annoncent prend un relief saisissant dans un monde où l’idée même de promesse suscite souvent un réaction de recul.

Que proclament donc nos trois lectures au sujet de la promesse de Dieu? En quoi cette promesse nous concerne-t-elle? Tout d’abord c’est Dieu qui s’engage de sa propre initiative. Il appelle Abraham, un païen, parce qu’il désire faire alliance avec lui. De la même façon la Transfiguration de Jésus ne survient pas suite à une demande des disciples, mais à la seule initiative du Maître C’est en fait la promesse de Pâques qui s’en vient, l’annonce de sa Résurrection au moment même où ses amis ne peuvent même pas s’imaginer quelle passion et quelle mort il va bientôt affronter....

Plus encore, Dieu s’engage de façon unilatérale. Pas de marchandage, pas de négociation, pas de donnant-donnant. Par sa promesse, Dieu se donne lui-même sans réserve. Jusque là, les alliances se faisaient par des rites assez primitifs: les deux partis devaient passer entre les morceaux d’un animal qu’on venait de sacrifier (en se disant: si tu n’es pas fidèle, regarde ce qui va d’arriver!) Ici, Dieu seul accomplit le geste et promet la vie en abondance à Abraham et à sa descendance qui sera nombreuse. Ça échappe aux calculs et aux limites du pouvoir humain. “Ta descendance sera comme les étoiles du ciel et les sables de la mer.” Aux disciples témoins de la transfiguration, Dieu promet la lumière de la Vie nouvelle, le plein accomplissement de la loi et des prophètes (les annonces faite dans l’A.T.) en Jésus-Christ. S.Paul qui l’avait bien compris, reprend cette promesse dans sa lettre aux Philippiens (2e lect.) “ nous serons un jour nous-mêmes transformés, transfigurés dans le Christ”. Or cette promesse de Dieu ce n’est pas seulement de l’histoire ancienne. Elle est toute aussi réelle pour nous que pour Abraham, pour les disciples de Jésus ou de s.Paul. Quand celui-ci écrit: “nous sommes les citoyens des cieux”, cela concerne non seulement les gens de sa communauté de Philippes, mais nous aussi, baptisés d’aujourd’hui. En faisant alliance avec nous, Dieu nous promet de rendre nos vies fécondes, de nous sauver de ce qui est perdu en nous, de mener nos existences vers leur plein épanouissement dans l’amour, la paix, la joie, la fraternité retrouvées. En somme, de réussir notre vie. Cette promesse, nous sommes tout simplement appelés à l’accueillir les mains ouvertes. On ne la gagne pas à force de bras, on l’accueille dans la foi et la confiance. Comme le vieux père Abraham qui eut foi dans le Seigneur; et Dieu estima qu’il était juste.

Les promesses que nous nous faisons les uns aux autres nous font réaliser parfois nos limites, nos incohérences. Comme le motoneigiste qui traversait une rivière sur la glace. Il disait au Seigneur: “si je me rends au milieu, je te promet une messe; si je fais encore dix pieds, je t’en promet une autre”. Rendu sur la rive, il dit à Dieu: “Oublie çà!” Dieu nous promet justement que nos limites, nos oublis, n’auront pas le dernier mot dans nos vies. Il accueille en ses mains de tendresse nos plus hautes aspirations, nos désirs profonds, nos tentatives pour créer du neuf et veut leur donner une dimension d’éternité. Il arrive que nous réussissions nos amours ou nos amitiés, que nous vivions des expériences de fraternité, de plaisir ou d’émerveillement, tant mieux! Dieu nous permet de goûter à la beauté et à la bonté de ses dons et il nous fait pressentir, si nous sommes attentifs, l’infini de sa générosité. Par ailleurs, le Seigneur accueille aussi nos limites, nos fermetures, nos doutes, même nos haines et nos colères. Son amour sans limites a le pouvoir de les guérir, de redonner la paix à nos coeurs, de nous remettre sur pied. Il a laissé des sacrements pour ça, soit le Pardon toujours disponible et le Pain vivant, pain de la route. Il a toujours accueilli autant les victimes que leurs agresseurs, dans son coeur plus grand que le nôtre. Il ouvre devant nous un chemin de vérité et de réconciliation. Encore aujourd’hui Dieu peut rouler la pierre du tombeau. On croirait que tout est fini, nos relations brisées, nos échecs, nos déceptions, mais il promet de nous donner un souffle neuf, une vie nouvelle. C’est cette vérité que nous rappelle et nous rappellera ce temps du Carême car Dieu tient parole: donc confiance!

La promesse de résurrection s’adresse à nous aussi. Les premiers grands témoins de la foi l’ont répété sur tous les tons: Dieu nous a créés, nous les êtres humains, pour que nous soyons divinisés, semblables à Lui. “Dieu a créé l’homme pour que l’homme devienne Dieu”. Écoutons en terminant les paroles de s.Paul. “Nous attendons comme sauveur le Seigneur Jésus-Christ, lui qui transformera nos pauvres corps à l’image de son Corps glorieux, avec la puissance qui le rend capable de tout dominer... donc, tenez bon dans le Seigneur!

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