vendredi 26 février 2010

Homélie 1ere Carême Jésus nous tend la main

Jésus nous tend la main

Premier dim. du Carême 2010
Aujourd’hui, Jésus nous tend la main et nous offre de marcher à nos côtés durant ces quarante jours du Carême qui débute. Il nous donne l’exemple parce que chacun de nous connaissons des tentations dans le champ de nos faiblesses, de nos instincts, de nos fantasmes, de nos appétits. Nous avons toutes et tous des points faibles. Jésus a accepté d’être tenté lui-même pour nous enseigner comment on peut vaincre et remporter la victoire sur ces terrains. Les trois tentations de Jésus nous montre que sa Passion n’a pas duré seulement une douzaine de jours ( comme on voit dans les films) mais s’est déroulée tout au long de son ministère. Les trois tentations au désert résument ce contre quoi il devait constamment lutter. Tentation de la possession, de l’avoir, tentation du pouvoir facile et de l’idolâtrie...

Nous aussi, le désir de posséder nous incite à miser notre vie sur le matériel, avec cet appétit d’accumuler les biens, les plaisirs jusqu’à y perdre le vrai sens de la vie, à y sacrifier notre âme. Le vertige aussi de contrôler, qui nous incline à tasser les autres, les dominer: la volonté de puissance, de faire plier l’autre par la force. Enfin, il y a aussi l’ivresse de paraître, de parader, qui nous pousse au désir d’être admiré, adulé. Les médias sont souvent la courroie de transmission de cette soif de paraître: qu’on pense à tous les Stars Académie, les Canadian ou American Idols, etc....

Personne, aussi croyants que nous soyons, n’est à l’abri. Ces tentations sont subtiles, elles sont véhiculées par l’air du temps. Elles arrivent au moment où l’on s’en attend le moins. “Veillez et priez pour ne pas entrer en tentation” dira Jésus à ses amis inconscients. Nous avons tous des zones de fragilité, un défaut de la cuirasse que nous connaissons ou que nous ne découvrons qu’après coup.

Jésus a voulu connaître ces tentations pour se faire proche de notre condition. Les tentations au désert l’ont atteint justement au moment où il était le plus fragilisé: il avait faim après un long jeûne, il n’avait pas d’autres pouvoirs que celui du service et de l’amour de ses frères et soeurs, il était seul, méconnu, dénué de toute réputation. Mis au pied du mur!.

Durant son long séjour au désert, le peuple de l’Ancien Testament, tenté lui aussi, avait craqué; les gens avaient réclamé des miracles pour de la nourriture en abondance, avaient adoré le veau d’or à l’exemple des peuples païens, avaient tenté de forcer la main de Dieu. Jésus, lui, a tenu le coup. C’est pourquoi il est devenu notre modèle, notre guide, notre force de résistance.

Première tentation, celle de la possession des biens: “puisque tu es divin, fais du pain avec ces pierres. Dans tous les quartiers du monde, fais surgir des supermarchés où tout est gratuit: la chaîne Jésus de Nazareth Inc. Tu seras très populaire, les gens vont te suivre les yeux fermés”. Jésus rétorque au démon: “Ce n’est pas seulement de pain matériel que l’être humain doit vivre... la parole de Dieu est aussi une nourriture.” Dans notre monde où les biens surabondent et où l’on peut même s’y noyer, trop souvent l’essentiel est oublié ou remis à plus tard. Viens nous libérer Seigneur, donne-nous la faim et la soif de l’essentiel: la vraie vie reçue à notre Baptême que ta Parole et ton Pain viennent entretenir, développer en nous de semaine en semaine...

Seconde tentation: “Tu pourrais être fameux, connu de toute la terre, si tu entres dans le système. Incline-toi devant le pouvoir de l’argent, vois tous ces royaumes, je te les donne”. Jésus répond: “C’est le Seigneur ton Dieu seulement que tu adoreras!” Les idoles veulent prendre la place de Dieu. Elles sont encore nombreuses aujourd’hui et n’hésitent pas à s’appeler idoles, de leur vrai nom. Les médias nous tiennent au courant de leurs amours, de leur aventures. Le peuple s’en nourrit avec ce goût d’insignifiance qui force à toujours y revenir. Une idole par définition c’est seulement du décor, de la crème fouettée sur rien . Nous avons besoin d’appuyer notre vie sur du solide. Tourne ton coeur vers le Père, fais-lui confiance! C’est ce que Jésus a fait; par la prière il a été constamment en contact avec son Père du ciel. Il a fait sa volonté jusqu’au bout. Malgré une apparence d’échec total de sa vie, il l’a finalement réussie.

Troisième tentation: forcer la main de Dieu en l’obligeant à prendre nos responsabilités. Nous organisons souvent notre vie sans le consulter et si ça va mal, nous le lui reprochons. Arrive une épreuve, on la lui met sur le dos, alors qu’on se passe bien de lui le reste du temps. “Jette-toi en bas du mur du Temple, fais du “bungee” sans élastique et Dieu sera bien obligé de te ramasser au dernier moment.” Jésus répond: “Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu.” Apprends-nous Seigneur à demeurer en dialogue avec Toi pour que notre vie soit conforme à ton projet sur nous.

Voilà les tentations que Jésus a vaincues. Nous faisons face à certaines d’entre elles. Malgré leur côté laborieux, elles sont comme des cadeaux puisqu’elles nous permettent de grandir dans la confiance et de nous réfugier près de Lui. Les épreuves nous ramènent à notre dignité d’êtres humains créés libres et capables de choisir entre le bon et le mauvais. C’est en fait la main de Dieu qui se tend vers nous et nous demande notre “oui” à sa volonté de salut et de vrai bonheur pour toutes et tous. C’est l’occasion de réaffirmer notre confiance en l’action discrète de notre Dieu car souvent nos manques, nos pertes, nos souffrances la remettent en question. Il est difficile de faire confiance quand on souffre, mais cet acte de foi est notre planche de salut. Puissions-nous, surtout en ce temps de Carême, savoir discerner les empreintes digitales de notre Dieu dans les événements de chaque jour. Puissions-nous nous placer avec confiance entre les mains du Père pour hériter de la belle liberté propre à ses enfants.

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