samedi 6 février 2010

Homélie 5e Dimanche Ordinaire 2010

HOMÉLIE DU 5E DIM. ORD. 2010

Les lectures de ce dimanche nous présentent trois personnages: Isaïe, Pierre et Paul. Chacun à sa façon a fait l’expérience de Dieu dans une vision qui l’a marqué pour le reste de sa vie. Cette situation spéciale c’est d’avoir été témoins d’une puissance surnaturelle qui les a bouleversés. Ils sont des visionnaires au vrai sens du mot. Des visionnaires, il y en a à d’autres niveaux. Des personnes qui savent anticiper, appréhender l’avenir avec justesse. Quand Jean-Paul II a été élu, il avait dit, face au bloc communiste: “N’ayez pas peur!” Deux décennies plus tard, le mur de Berlin s’effondrait avec le reste de l’empire marxiste. Nelson Mandela aussi face à l’apartheid en Afrique du sud. Un jeune qui a vu à la t.v. Neil Armstrong marcher sur la lune en 1969, se dit qu’il sera astronaute un jour et ça se réalise, comme ce fut le cas pour Mme Julie Payette. C’est cd qui s’est produit pour beaucoup d’athlètes qui participeront aux prochains jeux Olympiques de Vancouver. Tout jeunes, ils ont admiré tel ou tel athlète et cette vision d’avenir a soutenu leur persévérance pour aller jusqu’au bout de plusieurs années de préparation+sacrifices..
Ça été vrai aussi pour des fondateurs d’ordres religieux, S. François d’Assise qui aperçoit dans une vision une église à rebâtir; Ste Jeanne d’Arc a vu la France à libérer de la domination anglaise. La vision de ces personnes, qu’elles soient religieuse, scientifique, athlétique ou culturelle, est formée à partir d’intuitions ou de rêves, de désirs et d’espoirs qui ont orienté leur avenir, motivé leurs efforts.
L’importance des personnages bibliques que nous rencontrons dans les lectures d’aujourd’hui est en proportion de la force, de la vivacité, de l’intensité de leur vision. Isaïe a une vision de la sainteté de Dieu, que Dieu est au-delà de ce qu’on peut imaginer (on dit transcendant). Un vrai tremblement de terre dans sa vie. Il est tellement secoué qu’il trouvera le courage de rappeler au roi les exigences divines, qu’il dénoncera les infidélités du peuple. Le fait de voir le Ressuscité sur le chemin de Damas a complètement transformé la vie de s. Paul. Reviré bout pour bout: lui le persécuteur des chrétiens devient leur plus grand missionnaire, avec un zèle apostolique infatigable. Pour ce qui est de Pierre, qui porte la lourde culpabilité d’avoir renié son Maître, la pêche miraculeuse va le remettre en confiance. Malgré toutes ses limites, il proteste auprès de Jésus de son amour et son engagement pour lui va aller jusqu’au don de sa vie.
Ces trois hommes n’ont pas choisi leur mission; elle leur est tombée dessus. Ils l’ont reçue de Dieu qui avait reconnu leurs aptitudes naturelles pour annoncer l’Évangile. Leur première réaction à cet appel en est une d’humilité, de peur même... “Seigneur je ne suis pas digne!” Devant la sainteté de Dieu, Isaïe se reconnaît pécheur. Mais une fois purifié, il accepte d’être le messager du Très-Haut. Paul, s’il en est un, se croit indigne d’être appelé apôtre mais il s’en remet au Seigneur.”Ce n’est pas moi, c’est la grâce de Dieu qui est avec moi!” Pierre à son tour se reconnaît honteux de sa conduite antérieure: “Seigneur, éloigne-toi de moi, car je suis un homme pécheur” Pourtant il laisse son métier de pêcheur auquel il était retourné après la mort de Jésus, pour devenir son témoins privilégié comme chef de l’Église.
Avons-nous eu une vision de ce genre à un certain moment de notre vie. C’est possible. Il ne s’agit pas d’expériences grandioses ou fulgurantes comme une apparition, une lumière aveuglante, une pêche miraculeuse. Pour ma part je me voyais, étant jeune, comme missionnaire en Amérique Latine. Ça ne s’est pas réalisé tel quel mais il reste que le Québec aujourd’hui est bien devenu un pays de mission. Donc, c’était pas si fou! Pensons à un moment où notre vie a pris une nouvelle orientation. Un coup de foudre qui vous a fait choisir telle compagne ou tel compagnon de vie. Il paraît que des fois c’est bien fort! Pensons à la naissance d’un commerce, d’une entreprise suite à une invention dont on avait rêvé. Pensons à ces moments où on comprend qu’on doit s’engager davantage dans sa famille, dans sa paroisse, pour son pays. Beaucoup de gens vont se rendre bientôt en Haïti suite à ce genre de rêve. Nous sommes tous/es appelés à contribuer à l’oeuvre de Dieu. Cet appel passe par le désir, un rêve personnel: développer tel talent, même à un âge avancé, s’engager dans une action communautaire. Nous sommes appelés à être des femmes et des hommes visionnaires. Avoir une vision canalise nos efforts, nos énergies. Tout cela peut venir de Dieu, de l’action de l’Esprit-Saint. Si ça réussit, on pourra dire comme s.Paul; “Ça dépassait mes faibles moyens... mais je le suis devenu par grâce de Dieu.”
Par les temps qui courent il faut se rendre attentif aux appels de Dieu. Le Seigneur est toujours présent dans le monde mais il agit par notre intermédiaire. Pour assurer l’avenir de notre Église, il nous lance des invitations dans le secret de nos coeurs, en grand respect de nos libertés. Dans cette eucharistie, demandons à Dieu de nous donner une vision de ce que nous pourrions devenir, non seulement comme individu mais aussi comme communauté de foi. Quel avenir entrevoyons-nous pour notre Église? Que sera-t-elle devenue dans cinq ou dix ans? Quel engagement exige-t-elle de nous pour qu’elle puisse continuer encore longtemps à annoncer le message du Christ? Prions Dieu afin qu’il nous donne à nous et à nos responsables une vision de qui nous sommes appelés à devenir comme Peuple de Dieu. Écartons les visions négatives, ça existe aussi! Malgré les peurs et les hésitations, comme Isaïe, Pierre ou Paul, pouvons-nous répondre: “Me voici Seigneur, envoie-moi là où tu me vois porter du fruit.”

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