mercredi 17 février 2010

HEUREUX OU MALHEUREUX

Homélie 6e dim. Ord. 14 fevrier 2010
Heureux ou malheureux, “ tamti-deli-delam”chante Gilles Vigneault. Être heureux, n’est-ce pas le rêve de tout le monde? Si on tape le mot “bonheur” sur l’Internet, dans un moteur de recherche, on obtient 30 millions de suggestions de sites à visiter. C’est clair, la recherche du bonheur est une préoccupation universellement répandue!

A chaque début d’année on échange nos voeux: on parle de santé, de prospérité et d’un peu de bonheur avant la fin de vos jours (...) Le bonheur, mais de quoi est-il fait? Il y a l’amour bien sûr, le bonheur de se sentir aimé et d’aimer. Heureux les couples qui fêteront aujourd’hui la St-Valentin. Malheureux le monsieur qui a oublié d’apporté des fleurs, du chocolat, ou de faire une réservation au restaurant!

Le bonheur c’est aussi un minimum de moyens matériels. L’argent ne fait pas le bonheur, mais ça rend le malheur un peu plus supportable. Comme disait l’autre: “ça pourrait aller mieux mais ça coûterait plus cher!” La course au bonheur est en lien avec ce que l’argent permet d’acquérir: de la sécurité, un certain confort, des plaisirs. Les médias nous le promettent et on essaie de nous vendre tout ça (qui n’a pas rêvé d’avoir des abdos bien sculptés!). Qui ne s’est pas laissé tenter d’acheter un billet pour le gros Lot qui en une soirée peut faire des millionnaires? D’autres se tournent vers des paradis artificiels, par l’alcool, le jeu ou la drogue. Pour d’autres enfin, le bonheur réside dans l’épanouissement personnel, la promotion illimitée du Je-Me-Moi. On veut être bien dans sa peau et encore plus. Pourtant la course au bonheur fait bien des victimes d’épuisement personnel ou de dépression.

Jésus nous propose aujourd’hui un drôle de bonheur dans l’Évangile des béatitudes. Jésus n’est pas contre le bonheur, il prononce ce mot tellement souvent. Il nous dit: voulez-vous être heureux, je vais vous donner mon secret. On pense et on dit souvent dans les médias que Dieu est contre le bonheur, que les religions n’ont apporté que des guerres et des affrontements. C’est le discours officiel (la pensée unique au Québec!) quand on parle de l’héritage judéo-chrétien qui n’aurait cultivé que la culpabilité, la hantise du péché, où tout plaisir ou toute réjouissance étaient défendus. Il fallait se priver ici-bas et tout endurer en attendant la récompense au ciel. Et quelle récompense: être assis sur des tablettes pour écouter la musique des anges. Ça doit être long!

Là-dessus l’Église n’est pas sans reproches non plus. On a insisté parfois beaucoup plus sur les exclusions et les interdits, plutôt que sur la Bonne Nouvelle d’un Dieu qui nous aime. Les béatitudes elles-mêmes peuvent être mal comprises quand elles sont lues au premier degré. L’Idéal serait d’être pauvre, d’avoir faim, de pleurer, de se laisser taper dessus....drôle de bonheur! Jésus ne fait pas l’éloge de la pauvreté ou de la détresse humaine. Il ne veut pas condamner en nous la joie de vivre. Il nous rappelle que Dieu nous aime trop pour que nous réduisions notre bonheur à notre seule réussite matérielle. Les béatitudes invitent à un certain renoncement qui va à contre-courant de l’idée généralement admise du bonheur. Car les biens matériels apportent toujours une insatisfaction. On le voit dans la tentative de toujours accumuler davantage, dont on est témoin dans les procès, suite aux scandales financiers. Dans cette recherche de bonheur, au fond, n’est-ce pas Dieu que nous cherchons, celui seul qui est capable de donner la vraie paix et la joie du coeur? Le chemin que Jésus nous propose passe par la vie concrète avec ses épreuves bien assumées, sans tentative de fuite ou d’évasion, qui débouchent sur la résurrection. Et ceci dépasse la vie terrestre.

On en a peut-être assez de ce monde encombré d’objets où on rêve de posséder toujours plus. De ce monde où on se soucie davantage du profit des actionnaires que du bien-être des travailleurs/euses. De ce monde qui gaspille, sans se soucier du lendemain, les ressources naturelles. Si on opte comme beaucoup de gens aujourd’hui, pour la simplicité volontaire, la gratuité dans le don, la fraternité, la justice, la vie prendra une toute autre couleur, même si on se rend compte qu’on rame à contre-courant. Si on en a assez de ce monde qui produit du maïs pour fabriquer du carburant pour les autos, alors qu’un milliard de personnes souffrent de la faim. Alors que d’autres jettent leurs surplus pour garder les prix plus élevés.

Devenir plus conscient de ça c’est avoir faim et soif de la justice, peut-être pour un moment pleurer avec ceux qui pleurent (en Haïti). C’est mieux que de favoriser la loi du plus fort, la dureté du coeur, la vengeance. Oser la miséricorde et le pardon c’est goûter intérieurement une grande satisfaction. Si on en a assez de ce monde qui méprise ce qui vient de Dieu, qui ridiculisent les croyantes et les croyants, si on ose le dire, on ne fera pas l’unanimité mais on éprouvera un contentement réel. Vivre quotidiennement dans la foi et la conviction que Dieu marche avec nous, s’appuyer sur les promesses du ressuscité, c’est trouver au fond de soi un bonheur que le monde ne peut donner. Essayez et vous verrez, nous dit Jésus aujourd’hui. Faites ça et vous vivrez!strong>

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