vendredi 10 décembre 2010

HOMÉLIE DU DIMANCHE 12 dec. 2010

Les signes de Jésus

“Es-tu celui qui doit venir?” Jean-Baptiste et ses disciples se questionnent au sujet de l’identité et de la mission de Jésus. Leur question est en rapport avec l’attente d’un Messie en Israël, dans le fil de la tradition biblique. Mais, à nos oreilles d’aujourd’hui, comment peut résonner cette question? Nous vivons dans un monde bien différent. Après 2000 ans de christianisme, combien de peuple, combien de personnes ne partagent pas notre regard sur Jésus de Nazareth en qui nous, nous reconnaissons le Christ vivant. Globalement les medias le considèrent comme un maître spirituel du passé, un rabbi du premier siècle, un sage, un philosophe ou un personnage mythique inventé de toutes pièces. Même des chrétiens voient Jésus comme un grand personnage, mais dont l’influence est limitée Un point c’est tout!

Certes, notre foi se fonde sur le témoignage des premiers disciples, mais reconnaissons-nous en Jésus celui qui doit venir pour l’humanité de notre 21e siècle. A quels signes voyons-nous que sa vie, sa mort et sa résurrection continuent d’ouvrir pour nous un avenir différent?

Plus encore, en ce temps de l’Avent (3e semaine), chacun et chacune de nous est invité à se demander: le Christ est-il venu réellement dans ma vie? A quels signes puis-je reconnaître qu’il apporte aujourd’hui le salut en moi et autour de moi? A la question de Jean, Jésus ne répond pas par une grande déclaration à son propre sujet. Il les invite plutôt à écouter et à regarder les fruits de son action. Il reprend le même genre d’énumération que nous avons entendu dans la 1ère lect. ou dans le psaume. Ce sont les signes de l’avènement du Royaume déjà en marche. “Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent”... La Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres... Mais que signifient ces signes pour nous concrètement aujourd’hui? Faut-il les comprendre au sens littéral et se mettre en quête de guérisons miraculeuses dans notre communauté. Oui, mais à notre époque ce sont des signes plus larges...

Notons bien que les signes du Royaume concernent aussi des corps fatigués, des perceptions faussées, des élans diminués, des relations coupées. Toutes les dimensions de la personne sont concernées. Par exemple: la personne qu’on dit aveugle se sent vulnérable quand elle sort de ses habitudes (par exemple dans telle fonction publique, tel travail de bureau). Elle est incapable de voir l’expression de la personne qui lui parle d’autres choses. Il y a des terrains sur lesquels elle ne s’avance pas. La noirceur ne vient-elle pas du manque d’attention ou de lucidité, du mensonge, du manque d’intérêt aux autres? Cette sorte d’aveuglement a des répercussions importantes sur la capacité de vivre en vérité avec soi, avec les autres et avec Dieu. L’aveuglement physique moins fréquent nous renvoie à une autre dimension de l’expérience humaine, encore plus fondamentale... La difficulté de s’ouvrir à d’autres dimensions.

Les signes de Jésus ne se limitent pas à la réparation des nerfs, des os, des muscles. Dans son regard compatissant s’exprime l’accueil doux et bienveillant que réserve Dieu à toutes nos infirmités, même les plus intimes. Il perçoit aussi les désirs de vie en plénitude qui se trouvent blessés, contrariés, même éteints chez les personnes. Par l’action de son Esprit au coeur de ce qui nous fait le plus souffrir, il nous guérit encore aujourd’hui, nous redresse, nous libère, nous remet en marche. La vie nouvelle qu’il nous communique vient transfigurer la mort qui nous menace de l’intérieur. C’est tout le mystère pascal qui est à l’oeuvre en ce temps de Noël.

Plongés dans la mort et la résurrection du Christ depuis notre baptême, nous sommes appelés à le laisser venir en nous afin qu’il change progressivement nos coeurs et influence nos actions. Habités par l’Esprit qui nous apprend à aimer les autres comme Dieu nous aime, nous laissons progressivement nos attitudes et nos dispositions se transformer. Il s’agit de nous mettre à la suite du Christ: combattre le mal par notre générosité, libérer la parole, lutté pour la justice. En dépit de nos limites, de nos blessures, de nos fermetures, le Christ fait venir le Royaume dans nos relations et nos actions. Nous n’arrivons pas à faire tout le bien qu’on souhaiterait, nous commettons même le mal que nous promettions d’éviter. Mais Jésus nous accueille avec notre misère et nos aspirations contrariées. Il nous guérit de l’intérieur pour que nous laissions un peu plus transparaître son amour. A même nos blessures, il crée en nous plus d’ouvertures aux autres, un don de soi plus spontanée, plus libre, plus gratuit. La venue du Seigneur se poursuit ainsi et nous pouvons discerner plus clairement autour de nous les signes de son Royaume.

Traditionnellement on associe le 3e dimanche de l’Avent à la joie. Notre attente est pleine d’espérance. Le Seigneur est déjà à l’oeuvre parmi nous. Aujourd’hui encore, il accomplit des signes de vie nouvelle. Le coeur est à la louange, continuons la célébration de l’Eucharistie.

Un mot en terminant: cet après midi à 14h00 (12/12/10), célébration du pardon à l’église Ste-Praxède. Quatre prêtres seront à votre disposition pour invoquer la réconciliation dont nous avons besoin et accueillir le pardon de Dieu requis pour bien vivre Noël. A 16h30 des jeunes du Cegep donneront un concert dont les profits iront à nos frères et soeurs d’Haïti. Ce sera la clôture de notre projet pour cette année. Notre contribution à l’amélioration de la vie de nos frères et soeurs d’Haïti, aussi modeste soit-elle, est un signe de l’arrivée du Royaume parmi nous. Amen!

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