samedi 4 décembre 2010

HOMÉLIE DU DIMANCHE 05 dec. 2010

Dieu et notre Seigneur Jésus

Des gens qui sont des spécialistes de l’Écriture ont eu la tentation d’opposer la rigueur et la sévérité de l’Ancien T. à la miséricorde et à la douceur dans le Nouveau T. Ils ont mis en opposition le Dieu du ciel, lointain mystérieux, et Jésus, plus proche de nous. Ce passage de l’Evangile, comme d’ailleurs certaines paroles assez fortes de Jésus, met en défaut cette lecture un peu simpliste. Dans l’A.T. comme dans le Nouveau, nous trouvons la force et la bonté, la rigueur et la patience, la sévérité et la miséricorde de Dieu. L’Écriture, l’Ancien et le Nouveau T. forme un tout; elle est une, car c’est le même Dieu qui s’y révèle, qui nous aime et qui veut nous sauver. C’est vrai encore aujourd’hui.

Comme le dit s. Paul dans la lettre aux Romains: “Tout ce que les livres saints ont dit avant nous est écrit pour nous instruire”. Mais alors, comment concilier, comment réconcilier cette image d’un Dieu sévère et exigeant, tel que nous le présente aujourd’hui Jean-Baptiste, avec le Dieu de tendresse et de bonté, le Prince de la Paix, la douce Lumière que nous annonce le temps de l’Avent? Dieu aurait-il deux visages, serait-il un Dieu imprévisible et changeant? Certainement pas. Si quelqu’un est bien fidèle et plein d’amour, c’est bien notre Dieu et notre Seigneur Jésus. L’Écriture ne nous révèle pas un Dieu ayant un double visage. Mais elle nous montre les diverses facettes d’un même amour qui se dévoile dans l’infinie diversité de nos existences humaines.

Vous le savez, vous les parents, peut-être les mères en particulier. Si vous avez de temps en temps, quelque parole un peu forte, si vous corrigez parfois avec un peu de rigueur vos enfants, ce n’est pas par manque d’amour, mais c’est parce que votre amour est plus grand que votre besoin d’être aimés. Vous savez que l’amour veut d’abord le bien de l’autre, avant de rechercher sont propre avantage. Certains événements de la vie, les passages difficiles, les épreuves nous font souffrir, c’est vrai. Nous pouvons en ressentir des malaises, même des ressentiments à l’égard de Dieu... Nous aurait-il abandonné? Aurait-il fermé ses entrailles de miséricorde? Certainement pas. Mais comme le dit le psaume, il nous est bon parfois d’être un peu secoués, pour découvrir que nous faisons fausse route, que nous risquions même de nous perdre. Dans sa tendresse, Dieu ne nous abandonne pas à nos caprices, à nos paresses. Il nous reprend, nous corrige, nous bouscule même, parce qu’il nous aime. Nous avons sans doute fait l’expérience de ces amours pleins de force et d’exigence, de bonté et de miséricorde, qui ne sont jamais fatigués de nous relever, de nous consoler quand nous étions dans la peine, de nous secouer quand nous risquions de sombrer dans le sommeil ou même dans l’oubli.

Jean-Baptiste, comme tous les prophètes de l’A.T., est le signe de cet amour infatigable de Dieu pour chacun de nous. Notre monde n’a-t-il pas besoin d’être aussi réveillé, secoué, lui qui glisse si facilement dans le matérialisme et l’indifférence. En nous rappelant, avec insistance, que Dieu nous aime de cet amour fort et bienveillant, l’Église nous redit à quel point nous sommes importants pour Lui, quelle valeur infinie nous avons à ses yeux. Il ne veut surtout pas nous perdre, perdre un seul de ces petits. Car il a donné sa vie pour nous. Son amour dépasse tout ce que nous pouvons imaginer.

Alors, même conscient de cela, ce n’est pas demain la veille “qu’il ne se fera plus rien de mauvais ni de corrompu” dans nos sociétés. Nous ne pouvons ignorer la multiplicité, la diversité et la complexité des personnes et des situations actuelles. L’arrivé de la justice et de la paix entre tous les humains ne va pas de soi. Mais si, personnellement, nous acceptons de nous laisser changer, transformer, le monde peu à peu changera. L’Avent est un temps d’arrêt dans le bruit de notre vie pour nous permettre de prendre conscience du nécessaire changement de notre coeur. Personne ne peut le faire à notre place.

Bien sûr, la conversion n’est jamais accomplie une fois pour toutes. Nous pouvons manquer de confiance et nous décourager. Nous sommes des êtres fragiles, désireux de nous mettre en valeur ou de faire comme les autres pour ne pas nous attirer de critique. Mais il nous faut tenir bon “grâce à la persévérance et au courage que donne l’Écriture” comme dit s. Paul. Et la Parole nous affirme que Dieu garantit ses promesses. Reconnaissons que nous avons besoin de la grâce de celui qui vient vers nous. C’est elle qui nous incite, dès maintenant, à puiser dans les forces qui nous habitent et à ouvrir la route à celui qui vient. Ainsi, nous serons en mesure d’accueillir et de vivre pleinement la joie de Noël.

Donc, souvenons-nous que nous sommes en Avent. Ce temps nous renvoie aussi à l’avènement final du Christ. Y a-t-il un espace dans ma vie qui est ouvert à la venue du Christ ressuscité, terme l’histoire humaine et de la mienne. Est-ce que j’y pense de temps en temps? Sur les jeunes, et même sur les vieilles souches, peut surgir un rejeton plein de vie. Quel secteur de ma vie a grand besoin d’être régénéré? Dimanche prochain nous vivrons un temps de pardon et de réconciliation.

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