lundi 11 octobre 2010

HOMÉLIE DU DIMANCHE 10 oct 2010

DIRE MERCI

Chaque année, le 2e lundi d’octobre, c’est la fête civile de l’Action de grâce. Après les couleurs de l’automne, le temps des récoltes est à peu près terminé. La nature a été encore une fois très généreuse en variétés et en saveurs. Nous sommes invités à laisser monter vers Dieu un grand merci pour tous les fruits de la terre et tout ce que nous recevons de la vie. Dire merci n’est pas aussi naturel qu’on le pense. Nous avons appris tout jeunes à dire merci. C’est une affaire d’expérience et d’éducation. Pensons à cette question que les parents adressent si souvent à leurs enfants: “Qu’est-ce qu’on dit?”

Il y a des mercis polis sans plus, des mercis de convenance, des mercis empressés et sincères. Ils n’ont pas tous la même valeur. Il y a des mercis du bout des lèvres, d’autres qui nous tournent vers le prochain pour lui exprimer sincèrement notre appréciation. Dire merci est à la fois de la gratitude pour le don reçu et de la reconnaissance envers la personne qui donne. Voyons quelques exemples dans les lectures de ce dimanche.

La première lecture nous présente Naaman, un général syrien qui était lépreux. Un étranger et un païen en plus. Après avoir accompli, non sans quelques réticences, ce que lui demandait le prophète Élisée et constaté que la lèpre l’a quitté, il exprime sa reconnaissance envers celui qui est à l’origine de sa guérison. Pour lui, dire merci ce n’est pas seulement une politesse. Il remercie, mais il reconnaît que le don qu’il a reçu vient de Dieu. Sa reconnaissance est en même temps un acte de foi. “Je le sais désormais: il n’y a pas d’autre Dieu sur toute la terre que celui d’Israël” C’est pourquoi dorénavant, la terre d’Israël sera pour lui un lieu sacré.

Dans la lecture de l’Évangile, dix lépreux viennent à la rencontre de Jésus. Parmi eux, un Samaritain, un étranger. Encore là, Dieu n’écarte personne. Mais comme le prescrivait la loi juive, les dix malades se tiennent à distance, pas le droit de les approcher, car la lèpre les exclue de la communauté, faisant d’eux littéralement des hommes morts. Le Samaritain est doublement exclu car, en plus, il est vu comme un sectaire, un marginal face à la religion officielle. Cependant, alors que tous sont guéris, lui seul revient sur ses pas “en glorifiant Dieu à pleine voix”. L’évangéliste ajoute: “Il se jeta la face contre terre aux pieds de Jésus en lui rendant grâce”. Il remercie parce que sa prière a été exaucée mais il réalise surtout que Dieu a été présent et qu’il a agi en sa faveur par le Christ Jésus. Non seulement il voit celui qui l’a guéri, mais il reconnaît en lui son Sauveur. Il a obtenu la guérison du corps, il a été purifié de tout ce qui faisait de lui un exclu, mais, plus important, il a été guéri au plus profond de son coeur. La guérison du lépreux est un signe de notre propre guérison dans le Christ. Quand il revient sur ses pas, il n’exprime pas seulement de la gratitude, mais il reconnaît au nom de tous les croyants, l’amour de Dieu manifesté dans le Christ. Son action de grâce, comme celle de Naaman, est un acte de foi. Si les neuf autres ont été guéris, ce qui fait le bonheur du Samaritain, c’est la joie d’avoir rencontré son Sauveur. Alors Jésus peut lui dire: “Relève-toi et va; ta foi t’a sauvé!”... Tu es un homme neuf!.

Nous sommes rassemblés encore une fois pour célébrer l’Eucharistie. Nous pouvons assurément remercier Dieu pour les fruits de la terre et tout ce que nous recevons de sa bonté. Pour nous cependant, le premier motif d’action de grâce c’est avant tout l’amour de Dieu manifesté dans le Christ. En effet, quand nous célébrons la messe, nous rendons grâce à Dieu qui agit dans le Christ et par son Esprit dans nos vies. L’Eucharistie c’est un sacrement, celui de notre salut accompli par Jésus sur la croix. C’est aussi un sacrifice de louange, d’action de grâce pour l’oeuvre de la création. Toute la création qui est comme résumée dans le pain et le vin (le pain c’est en condensé la semence, la récolte, la transformation de la farine et la boulangerie... le vin c’est la culture du raisin, la vendange, le travail du pressoir, la fermentation, etc...) En somme ce sont les bienfaits de la nature qui se joignent au travail humain qui sont présentés au Père à travers la mort et la résurrection du Christ. En Lui la création est comme transformée et amenée avec Lui dans sa Résurrection. Par lui, l’Église peut donc offrir un acte de louange et de remerciement pour tout ce que Dieu a fait de beau, de bon et de juste dans sa création et dans toute l’humanité. Tout ce qu’Il nous réserve lorsque paraîtront les cieux nouveaux et la terre nouvelle, nous est annoncé.

Comme l’apôtre Paul, nous nous souvenons de “Jésus-Christ, ressuscité d’entre les morts.
Il est notre salut, notre gloire éternelle”. C’est pourquoi, malgré les épreuves et les difficultés de la vie, nous comptons sur son amour. Comme nous le chantons si bien: “Si nous sommes morts avec Lui, avec Lui nous vivrons. Si nous supportons l’épreuve, avec Lui nous règnerons!” Il est notre assurance! Et tout est gratuit. Donc mille mercis.

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