mercredi 17 mars 2010

4e dimanche du Carême 2010

L’ENFANT PRODIGUE


Nous venons d’entendre certainement une des plus belles pages de l’évangile, tant jeune, je me suis longtemps demandé‚ ce que ça voulait dire prodigue (pas un enfant prodige!). Enfin je me suis risqué de regarder dans le dictionnaire et j’ai vu que ça signifiait: quelqu’un qui est dépensier, qui dépense sans calculer.. Peut-être aussi qui gaspille sans réfléchir. C’est ça le fils prodigue!

Mais si on regarde de plus prés l’évangile, on constate que le personnage central sur lequel on attire notre attention, c’est plutôt le Père; c’est lui qui est prodigue, mais plutôt généreux en bonté‚ et en pardon. Il faudrait peut-être remplacer le titre de l’évangile par la parabole du Père-tendresse. N’oublions pas que c’est Jésus qui nous parle ainsi de son Père et de notre Père du ciel. Un portrait étonnant,
d’une largesse inouïe, exagérée dirions-nous!

Notre Dieu est un Père prodigue en miséricorde

-dans sa patience: il attend fiévreusement le retour de son fils. Il ne donne pas d’ultimatum comme nous le ferions si facilement: C’est la dernière fois que tu me fais ce coup-là; la prochaine fredaine, tu sais, c’est la porte. Que son enfant revienne, c’est sa préoccupation quotidienne.

-dans son pardon: il ne demande pas de compte à son fils, n’exige pas une confession rigoureuse de tous ses méfaits. Il ne veut pas le diminuer davantage, il l’a assez humilié jusque là! Il ne calcule pas non plus, comme nous, on aurait peut-être dit : Mon garçon je te pardonne ton coup de tête, mais arrive-moi pas avec un casier judiciaire parce que là, je te déshérite...

-dans son respect: il ne profite pas de la situation pour démolir son fils, genre: je te l’avais bien dit, si tu m’avais écouté, tu as voulu faire à ta tête de pioche, ce n’est pas moi qui vais payer pour tes erreurs!

-dans son accueil: il tend les bras, il oublie le passé il tourne la page. Il ne dit pas: je te pardonne à condition que tu fasses ceci ou cela. Il sait bien que c’est le pardon qui finira par changer le cœur du garçon; ce n’est pas le changement éventuel qui mériterait le pardon, mais le contraire. Donc, pas d arrière-pensée de revanche!

-dans sa joie: elle est si profonde, si sincère... comment douter de son amour. S’il accueille son fils ce n’est pas pour bien paraître devant les autres, ou par bonne conscience pour être en paix avec lui-même. C est uniquement parce qu’il est amour, qu’il aime son enfant démesurément. Son retour à la maison est la source de sa joie! Nous sommes bien loin de nos calculs mesquins, c’est plutôt la générosité extrême de notre Dieu qui nous est rappelée. Le fils aîné qui est resté fidèle en est scandalisé surtout devant la fête qui s’organise, les vêtements neufs, les dépenses. En écoutant ce texte on devrait se dire en chacun de nous: et si je croyais vraiment moi aussi que je suis le bien-aimé‚ de Dieu, l’immensité de sa joie quand je reviens vers lui... est-ce que je n’irais pas plus souvent me jeter dans ses bras pour goûter la joie d’être pardonné d’être sauvé.

J’ai à reconnaître que je peux être de quelque manière à l’occasion un fils/fille prodigue quand j’abuse sans réfléchir du cadeau de ma santé, quand je n’entretiens/cultive pas le cadeau royal de ma foi: peut-être aussi, en polluant le cadeau de la belle nature; quand je m’éloigne pour une longue période de la maison familiale, l’église de Dieu, que je juge si peu attirante (c’est sûr que la télé ou l’internet sont tellement plus distrayants); quand je laisse perdre de bonnes inspirations, des grâces que Dieu me donne.Trouver le bonheur d’être accueilli tel que je suis par un Père qui m’aime, un Père-tendresse, c’est finalement la joie du sacrement du Pardon... curieusement un sacrement pas assez fréquenté, qui fait peur, dont on a perdu le sens. Le fils avait remâché lui aussi 56 raisons de ne pas revenir; c’est quand il a pris son courage à deux mains, qu’il a fait un geste de repentir, qu’il est entré dans la joie et la lumière, qu’il a été réintégré dans l’amour.

Je suis peut-être aussi à la fois le fils aîné, celui qui est resté fidèle, bon pratiquant, même engagé dans mon milieu, mais qui est déçu de la trop grande indulgence de Dieu envers les distants ou les ouvriers de la dernière heure; déçu que mes mérites et mon travail ne soient pas assez reconnus. Déçu que Dieu ne se pose pas en justicier pour faire le grand ménage en balayant tout ce qui traîne, les indifférents, les ennemis de la foi... A nous aussi le Père nous dit: pourquoi te plaindre, tu es mon enfant et tout ce qui est à moi est à toi! Serais-tu envieux parce que moi je suis bon? Dom H. Camara disait: le fils cadet s’est réveillé de ses péchés; il faudrait que le fils aîné, lui, se réveille de sa bonne conscience, se distancie de ses vertus et de ses mérites, de sa bonne conscience!

Résumons:

Au-delà de tout ce qu’on pourrait prévoir si on suit la pente du gros bon sens, Dieu notre Père attend patiemment mon retour. Au-delà de toute convenance, il se réjouit et m’accueille quelque soit mon péché. Il ne me demande que le regret de mes fautes et le ferme propos, i.e. l’intention bien arrêtée de me reprendre, de m’améliorer. Dieu est Dieu, ses chemins ne sont pas les nôtres, son amour est sans limite. Bien sûr, nous sommes faibles, mais nous sommes toujours les enfants du Père. Bien sûr nous sommes pécheurs, mais nous sommes les bien-aimés de Dieu. Et à ses yeux, c’est tout ce qui compte! Bonne nouvelle qu’il faut sans cesse se redire! Aujourd’hui encore Dieu nous tend la main! (Dimanche le 21 mars, 15h00, le sacrement du Pardon nous est offert, à nous d’en profiter!)

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