vendredi 21 mai 2010

HOMÉLIE DU DIMANCHE DE L’ ASCENSION 2010

HOMÉLIE DE L’ ASCENSION 2010

A la suite du décès d’un proche, il arrive souvent que nous prenions mieux conscience, après coup, de ses qualités et de tout ce qu’il a accompli. Quand l’effet de choc s’est atténué avec la fatigue des derniers moments, voici que son vrai visage nous apparaît plus clairement. Il fallait son départ définitif pour mieux le connaître et l’apprécier à sa juste mesure. “Ça c’était bien lui ou bien elle!”.

Il en a été de même avec l’Ascension de Jésus. Grâce à ce départ, les apôtres arrivent à mieux connaître le Christ et le Royaume qu’il a inauguré. Ils savent dorénavant qu’il est vraiment l’Envoyé de Dieu et même son Fils unique, puisqu’il est retourné chez Celui qui l’avait confié à notre monde, son Père. Durant son ministère, Jésus avait laissé entrevoir sa familiarité avec Dieu qu’il appelait Abba, mot qui correspond à « Papa ». En guérissant les malades, en chassant les démons, en proclamant une Loi nouvelle, il avait montré une autorité surprenant qui l’égalait à Dieu, au grand scandale des bien pensants. Avec l’Ascension, les disciples saisissent plus profondément le mystère de sa personne.

Même après Pâques, les disciples ne comprenaient pas clairement sa mission: “Seigneur, est-ce maintenant que tu vas rétablir la royauté en Israël?” s’étaient -ils empressés de lui demander. Ils rêvent toujours d’un royaume terrestre. L’ascension va les libérer de leurs fausses attentes. On serait porté nous aussi à souhaiter que Jésus revienne définitivement... des gens prédisent la fin du monde en 2013! Jésus au contraire nous laisse avec des responsabilités, des résistances à résoudre, des difficultés à affronter. Le Royaume qu’il a instauré est une réalité nouvelle qu’il nous revient de bâtir, faite de service, d’amour gratuit, de liberté et de communion ave Dieu. C’est ce royaume que nous sommes appelés à accueillir dans notre quotidien. L’ascension nous permet ainsi de mieux comprendre la personne et l’oeuvre de Jésus.

Il faut se rendre à l’évidence : nous ne pourrons jamais voir Jésus de nos yeux ni le toucher physiquement. Depuis sa résurrection, son humanité est totalement transformée. Il est devenu invisible, il est libéré de toutes les contraintes et limites du temps et de l’espace. Il n’est plus restreint à un pays, à un moment de l’histoire, à un petit groupe de disciples. La fête de l’Ascension nous apprend que Jésus peut habiter désormais le coeur des croyants/es par son Esprit. Il est le Sauveur de tous les humains. Il est contemporain de chacun et chacune de nous, de ceux et celles qui s’ouvrent à la foi.

Si Jésus s’est élevé, il y a là une image pour dire que c’est pour mieux rayonner, un peu comme une antenne de transmission qu’on place au sommet d’une montagne pour que sa puissance atteigne le plus de monde possible. Dégagé de l’espace et du temps, totalement en Dieu, Jésus est maintenant le coeur d’un monde nouveau et il est la lumière qui attire tous les humains. “Quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai tout à moi!”dit-il en s. Jean! La présence de Jésus ressuscité est invisible mais bien réelle, et encore plus intense et universelle que lorsqu’il côtoyait les gens de la Galilée.

S’éloigner pour que ceux qui, dépendant de nous, puissent prendre leur responsabilité. Tous les parents, un jour, consentent à prendre de la distance par rapport à leurs enfants pour qu’ils puissent tracer leur propre route, sinon faire leurs premiers pas. De la même manière, Jésus a quitté ce monde pour que nous puissions tracer nos pas vers Lui et les autres. Le Ressuscité nous donne de l’espace pour que nous nous tenions debout. Il tient à demeurer discret pour nous donner l’occasion de parler, de témoigner et de prendre des initiatives. C’est à la suite de son départ que finalement les premiers disciples se sont mis à parler de lui non seulement à Jérusalem mais dans toutes les grandes villes de l’Empire romain, le monde connu d’alors.

Le Seigneur nous confie la mission de rendre visible et concrète sa présence. C’est nous, dorénavant, qui lui donnons un visage qui attire, des mains pour secourir, des yeux pour voir les personnes qui sont dans le besoin, une voix pour proclamer l’Évangile, un coeur pour aimer... Nous avons de la difficulté peut-être, à imaginer qu’il nous fasse assez confiance en nous laissant une si grande responsabilité. Son départ est l’occasion pour nous de vivre de nouveaux commencements, de prendre des engagements d’adultes et de mettre toute notre créativité au service de la Bonne Nouvelle. C’est vrai, particulièrement, à notre époque où nous devons nous regrouper pour former des communautés paroissiales peut-être plus petites mais aussi, plus vivantes.

L’Eucharistie que nous vivons aujourd’hui nous unit de façon spéciale à lui qui est monté au ciel pour nous rendre participants un jour de cette vie qui est la sienne. Nous ne sommes pas laissés à nous-mêmes puisque le Seigneur Jésus est toujours avec nous par le don de son Esprit. Il nous soutient et nous communique l’audace d’être ses témoins, ici et maintenant. Dans le contexte actuel d’une baisse de la moralité publique et individuelle, notre monde a grandement besoin de ces témoins. Témoins de la vérité bien malmenée, de la justice peu respectée, de l’honnêteté partout bafouée. Le serons-nous?

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