mercredi 3 novembre 2010

HOMÉLIE DU DIMANCHE 7 NOV 2010

LA VIE APRES LA MORT

Le mois de novembre nous offre l’occasion de réfléchir un peu plus sur la mort. On a beau chasser de notre esprit cette perspective obligée, elle est toujours là. Accident, suicide, cancer, etc. Dans une même famille l’un meurt à trente ans, l’autre à 90 ans; celui qu’on considérait comme un bon gars meurt jeune, l’autre qui a une vie déréglée semble immortel. On dit: c’est pas juste. Le vieillard malade depuis longtemps dira: le bon Dieu m’a oublié!

Autrefois la mort était marquée par la crainte du jugement, la peur de l’enfer. Les rites funéraires étaient austère, tragiques. “Dies irae, dies illa” chantions-nous, “jour de colère que celui-là!” L’église des funérailles était tapissée en noir de même que les vêtements liturgiques. Aujourd’hui c’est le contraire. On dit plutôt: la personne est partie pour un monde meilleur. On a tendance à atténuer l’idée du deuil, de la rupture. On célèbre davantage la vie de la personne défunte. Au salon, on va projeter des photos qui la montrent lors d’un repas, jouant au golf ou avec ses petits enfants.

Autrefois on cultivait beaucoup la mémoire: un long temps de deuil, messes anniversaires, visites nombreuses au cimetière. Maintenant il arrive qu’on veuille faire vite, comme pour chasser un mauvais souvenir: quelques heures au salon ou à l’église, corps non exposé, incinération. On ne célèbre plus la mort, on l’expédie. Une enquête tend à révéler qu’une personne sur trois décédée au Québec ne ferait l’objet d’aucun rite formel de funérailles. Beaucoup de cendres ne sont jamais réclamées par les proches du défunt ou encore dispersées au vent dans un coin de nature; ce qui indique l’indifférence des vivants à l’égard de leurs morts ou du moins l’inconfort d’y penser. Et il nous reste quand même une question brûlante, lourde de sens, autrement profonde, sur la signification de l’existence humaine: y a-t-il une vie après la mort?

Il est difficile de nous représenter une vie après la vie sans puiser dans les réalités de la vie actuelle. On rêve de paysages luxuriants, à des îles enchantées, à des parties de chasse ou de pêche fabuleuses. Chacun s’invente un ciel selon ses pulsions ou ses désirs. Les musulmans parlent d’un jardin de délice avec de jeunes vierges... Ou encore, quelqu’un qui croyait à la réincarnation disait: je vais pouvoir revenir pour utiliser les nouveaux gadgets toujours plus performants qu’on voit dans les films de science-fiction, les voyages dans l’espace... l’autre plus prosaïque disait: je vais pouvoir retourner chez McDonald!

Quel lien avec l’Évangile d’aujourd’hui? Justement, des gens qui ne croyaient pas à la résurrection, les sadducéens, imaginaient celle-ci comme une copie de la vie présente. La loi de Moïse obligeait un jeune frère à épouser la veuve de l’aîné, si celui-ci était mort sans laisser d’enfant. Engendrer un enfant, pour les juifs, c’était comme prolonger son existence. Mourir sans enfant c’était comme disparaître définitivement. Alors on tentait de ridiculiser Jésus avec ce cas où sept frères auraient épousé la même veuve... on imagine quelle belle chicane une fois rendus au ciel.... Jésus leur dit: quand je vous parle de résurrection, vous n’avez rien compris. La résurrection des corps ça ne veut pas dire la réanimation d’un cadavre une fois rendu dans l’au-delà ou à la fin des temps. C’est l’accomplissement de toute la personne, corps et âme, esprit et mémoire, dans une vie transformée. Il faut parler de toute la personne vivant dans la lumière et la paix de Dieu. Quand on parle de corps dans la langue de Jésus on désigne toute la personne et non le soutien matériel seul, physique, qui se détruit.

On risque dans la pensée courante d’imaginer l’autre monde comme une amélioration du monde présent: plus de santé, plus de confort, plus de plaisirs, plus de musique, etc... mais l’expérience sérieuse de notre vécu devrait nous conduire vers d’autres horizons. Qu’est-ce qui est essentiel dans la vie: est-ce posséder une maison, une grosse voiture, ramasser de l’argent? Toutes sortes de choses qu’il faut quitter un jour: la maison vers un appart ou le CHLD, la voiture pour la marchette, le compte de banque pour le testament. Ce qui reste vraiment ce sont les relations que nous avons tissées: les amitiés, les amours, la tendresse donnée, les pardons accordés, l’espérance semée et les joies partagées. Il faut une vie pour apprendre cette leçon, pour passer de l’environnement des choses matérielles à la transparence de l’amour, de l’accueil, de la bonté. C’est de ces réalités que l’au-delà est fait. Ce sont elles seules qu’on apporte avec nous, celles qui ont modelé notre vraie personnalité et qui survivent dans la résurrection. En somme, il faut traverser la vie pour finalement rencontrer Dieu. Celui que Jésus appelle “Père”, le Dieu des vivants.

La résurrection, c’est vivre en Dieu, comme une planète autour du soleil, entrer dans son attraction, y trouver la plénitude, toute notre personne étant transformée. Il n’y a pas de mots pour dire cela. Des fois, une perception ou une expérience peut en donner un petit aperçu, un flash, comme dans un grand amour, devant un coucher de soleil, la beauté d’une fleur ou d’une mélodie. Certains grands musiciens ont créé des œuvres qui nous amènent près de l’éternité. Dans la foi, on peut saisir alors que la vie éternelle est déjà commencée, car en Dieu, même fragiles et mortels, nous recevons des bribes de cette vie. Nous sommes filles et fils du Père, héritiers de la résurrection. C’est normal qu’on reçoive de petits avant-goûts de notre héritage. Gardons l’oeil ouvert et surtout donnons plus de place dans nos vies à la Parole de Dieu qui, sans le décrire, nous dit des choses importantes sur l’au-delà.

Aucun commentaire:

Publier un commentaire